Friday, October 29, 2010

La Cité

La Cité (Kim Nguyen, 2010, Canada)



Un docteur profondément affecté par la guerre essaie d'aider les habitants d'une cité colonisée à échapper à la peste.

Difficile à juger comme film. L'intrigue est excellente. Le personnage principal de Max le docteur est attachant. Côté technique, il n'y a pas vraiment de failles. Ca donne l'impression d'être intéressant, et plus on avance, plus on est convaincu que ça l'est vraiment. Mais tôt ou tard on sent qu'il y a quelque chose qui manque. Pas facile de pointer cette chose du doigt, et l'histoire continue à avancer sans peine. Jusqu'à arriver à une fin assez... poétique. Une fin qui essaie d'être touchante mais qui n'y arrive pas...

Mais ce n'est toutefois pas ça le vrai défaut du film. Il s'agit surtout des émotions qu'on veut nous transmettre. Ca passe difficilement. Certains personnages clichés ne font que compliquer la tâche. On sent qu'on est en train de voir un "film", que ce sont juste des acteurs qu'on voit devant nous. Ils ont fait un travail correct pour la plupart, mais ça reste toujours quelque chose de très... froid.
Et d'ailleurs on parlant des acteurs, ce fut une surprise pour certains de trouver Lotfi Abdelli à l'écran. Une mauvaise surprise en fait. D'ailleurs je me demande comment est-ce que quelqu'un comme lui ose critiquer Al Pacino ou Robert De Niro avec un niveau pareil...

Conclusion ? Parfois il ne faut pas forcer les choses à être trop "sérieuses", ça peut finir par gâcher les choses.

5/10

Wednesday, October 27, 2010

Eastern Plays

Eastern Plays (Kamen Kalev, 2009, Bulgarie/Suède)



Itso a quitté sa famille et n'a plus vraiment de contact avec eux, jusqu'au jour où, assistant à l'agression brutale d'une famille turque de la part d'un groupe de néo-nazis, il se fait tabasser à son tour. Parmi les agresseurs se trouve son frère...

Contrairement à ce qu'on pourrait penser, ce film n'est pas la version bulgare de American History X ou de Romper Stomper. L'incident en question est là pour nous montrer à quel point la famille d'Itso fonctionne mal, et en même temps pour lier un peu les personnages du film.

Tous les personnages présentés ont un certain malaise quelque part. Ils ont tous besoin d'une échappatoire, peu importe sa nature, pour pouvoir respirer un peu. Georgi, le jeune frère, fait la connaissance d'un groupe de néo-nazis, et commence à suivre leurs habitudes. Itso est alcoolique, et Isil, la fille turque, semble enfin trouver ce qu'elle cherche chez Itso.

C'est un film qui traite de plein de sujets différents d'une façon simple et efficace. Amour, violence, haine, chômage, manque de communication entre les membres d'une même famille, racisme, dépression... on assiste à tout ça et plus sans pour autant sentir que c'est trop. Peut-être est-ce parce que ces mêmes problèmes existent partout dans le monde, pas seulement en Bulgarie, et qu'ils nous touchent plus ou moins directement. Ou peut-être est-ce parce que la manière de les présenter est tout simplement la bonne...
Peu importe la raison, Eastern Plays est un film à voir.

7.5/10

Poetry

Poetry (Lee Chang-Dong, 2010, Corée du Sud)



Mija a 65 ans. Elle travaille en tant que femme de ménage, et s'occupe seule de son petit fils. À cet âge, elle ne sait plus vraiment que faire de sa vie, jusqu'au jour où elle décide de rejoindre un cours de poésie...

J'étais assez hésitant d'aller voir ce film. Généralement ce n'est pas le style que je cherche dans le cinéma coréen, ou pas le style que je cherche tout court. Une vieille femme qui s'intéresse à la poésie, c'est vraiment l'un de mes derniers soucis.

Et plus le film avance, plus je perds de l'interét. Cette vieille femme extrêmement gentille et naïve m'a assez tapé sur les nerfs avec ses comportements enfantins. Jusqu'à ce qu'arrive le "subplot" de l'adolescente qui s'est suicidée...

Même si ça commençait à accrocher un peu à ce moment là, c'était vraiment très secondaire comme histoire. Une façon de plus de nous montrer comment Mija fait face à un problème de grande taille, et en même temps comment les parents se foutent totalement des autres. Leurs enfants ont commis un crime, et la seule chose à laquelle ils pensent c'est comment sauver leur futur. Peu importe s'il y a des morts, s'ils encouragent leurs enfants à devenir des criminels, l'important c'est de se sauver la face...

Et Mija n'arrive pas à réaliser tout ceci. Elle a enfin trouvé une sorte de raison d'être et elle s'y attache énormément. La poésie lui permet de s'évader. Elle sait maintenant qu'est ce qu'elle doit faire. Elle a un objectif dans sa vie. Sa solitude n'est plus aussi lourde qu'auparavant. Elle est vieille, certes, mais ça ne l'empêche pas de prendre goût à tout ce qui l'entoure.
Sa nature rêveuse prend le dessus. Elle est comme un enfant qui commence à découvrir le monde, mais seulement du bon côté des choses...
Mais tout ça est assez chiant en ce qui me concerne ! Les gens qui vivent dans une bulle ne m'accrochent pas. La poésie qui se "doit" d'être "belle" encore moins, et voir les deux alliés ensemble, dans un film qui dure plus de heures, peut en fin de compte s'avérer être une expérience assez lourde à supporter.

Mais pas tant que ça finalement. Le film est tout de même excellent. Pas du tout de mon genre mais excellent. Et plein de personnes vont y retrouver leur compte, voire même adorer. Il faut juste être dans le bain pour pouvoir l'apprécier à sa juste valeur.

7/10

Tuesday, October 26, 2010

The Blacks

The Blacks (Goran Devic & Zvonimir Juric, 2009, Croatie)



Un cessez-le-feu est déclaré. Un équipe de militaires nommée "The Blacks", qui s'occupe de faire le sale boulot, doit être dissoute. Mais Ivo, le chef de cette équipe, doit sauver trois de ses soldats d'un champ de mines ennemi, et compte se venger à sa façon.

Un film de guerre de l'Europe de l'est est à ne pas rater en ce qui me concerne. Ils ont un côté très naturel et très réaliste qu'on ne trouve pratiquement nulle part ailleurs. Et le programme des Journées Cinématographiques de Carthage semble riche en ce genre de films.

Le film commence par la scène finale, chronologiquement parlant. Un peu similaire à la scène d'ouverture de No Man's Land, je m'y suis tout de suite retrouvé. Une bande de soldats marchant dans un territoire ennemi pendant des heures. Ils sont sur leurs nerfs. Ils ont avec eux un nouveau qui n'est pas trop habitué à tout ceci. Ils commencent à se perdre. Mais toujours pas d'ennemi à l'horizon. Et plus le temps passe, plus ils deviennent nerveux. À un moment ils sont perdus. La tension monte de plus en plus, jusqu'à ce qu'elle atteigne un point de non-retour. L'ennemi qu'ils cherchaient n'était finalement pas aussi loin qu'ils ne le pensaient. L'ennemi c'était eux-mêmes...

Puis le film revient sur les circonstances qui ont aboutit à cette petite expédition. C'est là que ça commence à être un peu lassant. On peut facilement comprendre le but, ou plutôt l'un des buts des réalisateurs. D'un côté, on voit que la guerre n'est pas toujours synonyme de "Tirez ! Couvrez-moi !", de balles qui fusent de partout et de ving-cinq explosion par mètre carré. Ca peut aussi être un exercice mental extrêmement difficile à supporter. Rester des heures sans pouvoir rien faire d'autre qu'attendre d'aller vers une destination très incertaine n'est certainement pas quelque chose de facile à vivre. D'autant que les atrocités commises par ces soldats dans le "garage" pèsent lourd sur leur conscience. Les disputes éclatent très facilement et tout le monde est sur le point d'exploser. Pas difficile de comprendre où tout ceci va mener...

Le film dure à peine 75 minutes, et pourtant on arrive à les sentir par moments. Dommage pourtant, car des films de guerre qui sont en quelque sorte "anti-nationalistes" ne sont pas nombreux ; et l'idée ici, basée sur des faits réels, est excellente à la base, mais ça aurait pu être tellement mieux.

7/10

Tuesday, October 19, 2010

Gozu

Gozu (Takashi Miike, 2003, Japon)



Ozaki et Minami sont deux frères qui travaillent chez un gang de yakuzas. Ce dernier est chargé par son boss de se débarrasser d'Ozaki, qu'il respecte énormémentà parce qu'il commence à délirer. En effectuant cette mission, c'est Minami qui commence à douter de ses capacités mentales...

Ceci est de loin le film le plus bizarre de Takashi Miike que j'ai pu voir. Gozu est très différent de ce qu'on voit d'habitude de la part de Miike, mais il garde toujours sa touche personnelle. De l'humour crade, de la violence, du sexe, des bizarreries à la fois grotesques et hilarantes...

J'ai vu pas mal de monde comparer ce film à ce que fait David Lynch mais je ne suis pas vraiment d'accord avec. Gozu est plus proche d'un Jacob's Ladder que d'un Eraserhead. L'histoire peut être suivie et interprêtée de façon très directe malgré toutes les difficultés qu'on pourrait rencontrer dans ce processus. D'ailleurs les interpretations varient d'une personne à une autre.

On peut tout comprendre avec l'une des premières répliques du film où Ozaki dit "Everything I'm about to tell you is a joke.", chose qui pourrait se confirmer avec la toute dernière scène juste avant le générique.

Ou encore on peut voir ça d'une autre manière. Ceci est une sorte d'aventure dans un monde bizarre. Minami se charge de prendre son frère à Nagoya pour en "disposer". Et c'est en route que les choses commencent à se compliquer. Ozaki sombre de plus en plus dans son délire, mettant son frère dans des situations délicates. Puis il arrive à la fin d'un chemin coupé par une rivière. Est-ce une allusion à la rivière Styx des mythologies grècques ? On ne peut pas trancher là-dessus, mais il est clair que tout le film ressemble à une sorte d'odyssée des temps modernes. L'épreuve de "la question" en témoigne.
Minami continue son voyage vers une contrée, ou même vers un monde lointain, où tout semble normal à première vue. Personne ne se comporte normalement. Tout le monde est en train de délirer et Minami semble être le seul sain d'esprit. Ce qui pousse les autres à lui poser la question : "You're not from Nagoya?" ; être différent, en bien ou en mal, se fait toujours remarquer, peu importe où on se trouve. Ce qui ne facilite en rien la tâche de Minami qui commence à sérieusement douter de ses capacités mentales...

Pour le reste il vaut mieux tout découvrir par soi-même.

8/10

Tuesday, October 12, 2010

Hadewijch

Hadewijch (Bruno Dumont, 2009, France)



Céline, étudiante en théologie, est renvoyée de son couvent à cause de fanatisme extrême.

Voilà que j'arrive enfin à voir le dernier film de Bruno Dumont. Je l'attendais depuis plus d'une année depuis sa sortie, et voilà que j'ai finalement eu la chance de le voir. Une longue attente qui au final s'est revêlée être bien méritée.

Céline est une jeune fille très, très pieuse. Même aux yeux des mères dans le monastère elle sombre dans un excès dangereux. Elles décident donc de la renvoyer afin qu'elle puisse découvrir le monde extérieur et de s'ouvrir un peu à la vie. C'est là qu'on découvre qu'elle est la fille d'un homme très riche qui vit dans un appartement paradisiaque dans l'un des meilleurs quartiers parisiens. Un changement plus que radical par rapport à ce qu'elle vivait dans le couvent, et pourtant ça ne semble pas du tout la toucher, même au contraire. Elle semble éprouver une certaine haine à l'encontre de son père.

Céline n'a aucun ami. Chez elle c'est le vide total avec ses parents tout le temps occupés, et à l'extérieur c'est le vide total à cause de son côté asocial. Mais en ayant aussi peu d'expérience dans "la vie réelle", elle accepte très facilement de faire connaissance avec trois jeunes inconnus qu'elle rencontre dans un café. Les trois sont arabes, et l'un d'eux, Yassine, semble être particulièrement intéressé par elle, mais en fait il n'est intéressé que par quelque chose de bien précis. Il découvre petit à petit qu'elle est assez difficile à comprendre, surtout avec son dévouement à ses croyances. Il est surpris d'apprendre qu'elle veut garder sa virginité au Christ...

Bon au lieu de continuer à faire un résumé du film qui ne va servir à rien, je m'attaque directement aux choses importantes. Hadewijch est probablement le film le plus facile d'accès après La Vie de Jésus du même réalisateur, et en même temps c'est le film le plus rempli de messages, ou un seul message plutôt. Car l'idée est claire depuis le début, l'extrêmisme religieux est mauvais. Ca commence par aliéner l'individu du monde extérieur avant de préparer le terrain à des bêtises plus graves. Et ceci peu importe la religion de base, peu importe la race, peu importe la croyance.

À travers Hadewijch, Dumont continue son exploration de la nature humaine d'une manière toujours assez pessimiste, avec son style particulier où tout semble dénué de sens. Les images (splendides) sont souvent là pour remplacer les paroles. Les dialogues sont, comme on en a l'habitude, peu nombreux, laissant place aux gestes et à la beauté (ou le contraire) des paysages...

La fin pourrait en surprendre plus d'un. C'est facile de s'y perdre et de ne rien comprendre, mais il faut se mettre en tête que tout, même dans la vraie vie, ne va pas en ligne droite, et que parfois il faut revenir en arrière pour espérer comprendre certaines choses.

9/10

Tuesday, October 5, 2010

Jackie Brown

Jackie Brown (Quentin Tarantino, 1997, USA)



Jackie Brown, hôtesse de l'air, se trouve impliquée dans une affaire entre la police et un dangereux dealer d'armes à feu.

C'est certainement le film le moins populaire de Tarantino, et pourtant il n'est pas très loin derrière ses deux premiers chef d'oeuvres Reservoir Dogs et Pulp Fiction. Mais j'avoue que je ne comprends toujours pas pourquoi. C'est peut-être parce que Jackie Brown n'est pas écrit par Tarantino à la base. De plus, le style non-linéaire auquel il a commencé à nous habituer n'était plus au rendez-vous. La violence est également beaucoup moins brute ici, voire pratiquement absente. L'accent est mis sur le développement des personnages plutôt que sur l'action. J'imagine que tout ça devrait dépayser par mal de monde.

Mais si on oublie tout ça on se trouve devant un film de très haute qualité. L'intrigue accroche rapidement. Les personnages, l'un des points forts du film, nous donnent tous une réelle envie de les suivre et de savoir ce qui va se passer avec eux. Mention très spéciale à De Niro dans le rôle du vieux criminel qui a perdu sa glorie d'antan et qui perd la raison assez facilement. Ses quelques minutes à l'écran, ses quelques paroles et surtout ses gestes et ses réactions font de lui la véritable star du film, sans pour autant oublier les autres.

Chaque personnage pense manipuler les autres. Chacun pense avoir raison et aller dans le bon chemin, mais les rebondissements sont assez nombreux et inattendus. Jackie mène un jeu extrêmement dangereux. D'un côté il y a un criminel dangereux qui ne veut pas risquer de perdre sa fortune, et d'un autre la police qui attend le moindre faux pas de sa part pour l'arrêter. Ce qui fait que le suspens atteint des sommets sans que le film n'avance à grande vitesse. Ce qui en fait l'autre point fort de Jackie Brown.

C'est peut-être un peu difficile de suivre l'histoire à cause des complications du système américain, mais ça n'enlève rien au charme de ce film.

8.5/10

Monday, October 4, 2010

Shutter Island

Shutter Island (Martin Scorsese, 2010, USA)



1954, un marshal américain enquête sur la disparition d'une femme d'un hôpital psychiatrique qui se trouve sur l'île Shutter Island. Petit à petit il va découvrir que les choses ne sont pas aussi simples qu'il ne l'aurait cru...

Malgré le bruit qu'a fait le film, j'avoue que je ne m'y suis pas trop intéressé à sa sortie. Je m'attendais à quelque chose du même niveau que The Departed (que j'aurais pu aimer beaucoup plus si je n'avais pas vu Infernal Affairs avant) et je n'étais donc pas très motivé.
Bon bref, tout ça pour dire que je n'avais pas une grande idée sur ce que raconte le film. J'ai donc découvert l'histoire en le regardant, et c'était tant mieux.

C'est un film qui accroche à partir des toutes premières scènes. Une aura mystérieuse s'installe dès l'arrivée sur l'île (notamment à l'aide de la musique) et on commence très vite à comprendre que quelque chose ne va pas bien. Les dialogues, les comportements des gardes, les réactions du Docteur Cawley etc., tous montrent que "il y a quelque chose". Une attention particulière a été donnée aux détails qui peuvent révèler plein de choses si on assez attentif.

Je tiens à mentionner l'excellente bande originale qui accompagne le film. Avec du Max Richter, du Brian Eno et plein d'autres compositeurs classiques et contemporains, on est très facilement conquis par tant de beauté musicale.

9/10