Tuesday, December 17, 2013

Bastardo

Bastardo (Nejib Belkadhi, 2013, Tunisie/France)


Mohsen, alias Bastardo, est renvoyé de son travail, chose qui complique davantage sa vie dans un quartier où tout le monde le regarde de haut. Mais l'installation d'un relais GSM sur son toit va tout changer.

Beaucoup de films tunisiens utilisent les métaphores à tort et à travers et ce, tout en essayant de parler de "problèmes de la société tunisienne". On en arrive au point à se demander si cette société dont ils parlent ne se situerait pas sur une autre planète, d'autant que les raisons qui poussent les "film-makers" à se ruer sur ces problématiques demeurent un mystère.
On a soit ce type, soit les comédies légères à en perdre la raison.
C'est très réducteur, et je ne prétends pas posséder un savoir énorme sur le cinéma tunisien, mais ce sont justement ces films pourris qui me découragent à en découvrir plus.
Mais il arrive, de temps en temps, qu'un film sorte du lot et sans pour autant être exceptionnel. Bastardo est en ce sens un bâtard du cinéma tunisien. Un style assez particulier qui frôle le surréalisme tout en gardant les pieds solidement ancrés sur terre.

J'avoue que je m'attendais à quelque chose de différent et même de mieux, mais j'étais surpris, en même temps, par l'univers créé par Nejib Belkadhi, ce côté légèrement en dehors du naturel tout en restant loin des prétentions fallacieuses d'un Dowaha, juste en tant qu'exemple. Ca fait quand même un bon bout de temps qu'on entend parler de Bastardo et personnellement je pensais qu'il allait prendre un chemin différent, plus direct et plus violent.

Le film tourne autour du crime mais il ne s'agit que de la forme, le fond étant axé sur d'autres notions qui laissent le terrain libre pour le crime, la violence et la pauvreté de fleurir. C'est à la fois la force et la faiblesse de Bastardo. Dans cet univers où la police n'existe pas, où une fille attire d'une façon répugnante la vie envers elle, les allégories constituent l'essence même de l'oeuvre.
Mais si on veut nous faire entrer dans un monde nouveau, il faut d'abord nous montrer la voie. Les éléments qui constituent ce monde sont généralement bien dressés mais on sent toujours un vide, un détail qui manque. Pourquoi X se comporte-t-il avec Y de cette façon ? Non, les mini-flashbacks assez présents ne sont pas suffisants, d'autant qu'ils ne sont pas vraiment efficaces.
On nous parle du changement de l'état du quartier à plusieurs reprises mais sans pour autant nous montrer réellement ce changement. De même pour les personnages qui donnent l'impression de subir des transformations importantes sans qu'on ne puisse associer correctement la cause à la conséquence.

Il faut tout de même reconnaître que malgré sa courte durée et le manque visible de temps consacré au personnages, l'expérience est plutôt plaisante et l'immersion agréable. L'esthétique bien soignée joue un rôle important à dépeindre l'ascension au pouvoir d'un bâtard détesté par tous. Et même si les caricatures sont parfois exagérées plus qu'il ne le faut, Bastardo arrive à nous redonner l'espoir, à nous faire comprendre qu'il est tout à fait possible d'expérimenter sans pour autant que cela ne vire à la masturbation gratuite.

7.5/10

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