Saturday, November 2, 2013

The Hunt

The Hunt (Thomas Vinterberg, 2012, Danemark)


Lucas, enseignant dans un jardin d'enfants, voit sa vie bousculer lorsque l'une des enfants dont il est chargé décide d'émettre un mensonge.

C'est un accomplissement très difficile à réaliser que de peindre un concept comme la morale. Ou plutôt devrais-je dire comment remettre en question certaines valeurs pré-établies, et ce à travers un exemple concret et tout à fait réaliste. Aucun symbolisme à interpréter, pas d'expérimentation à se tordre le cou en essayant de suivre son chemin, on a ici une expérience brute, dure et extrêmement difficile à avaler.

Certaines tendances ou traditions sont souvent des lois non-écrites mais que tout le monde respecte à la lettre. Il y en a qui les respectent peut-être même plus qu'ils ne respectent leurs dieux. Ce sont carrément des tabous chez les peuples les plus "civilisés" au monde. L'innocence d'un enfant, par exemple. Même si l'éducation diffère de région en région, une limite est toujours marquée d'avance. Il y a des sujets sur lesquels un enfant ne peut pas mentir. Il lui est impossible de concevoir dans sa tête que telle chose puisse exister. Connaître ces choses peut avoir des effets dévastateurs sur l'enfant et sur son avenir. Faire voir à un esprit une chose qui le dépasse, face à laquelle il n'est pas encore prêt, cela peut le traumatiser à vie.

Mais assez parlé de choses évidentes. Ce que nous propose The Hunt est une vision très négative de l'être humain. L'enfant a besoin d'éducation et d'instruction parce que sinon il fera des dégâts. Si on le laisse faire à sa guise il détruira tout, y compris lui-même. Il faut donc le former, le guider, et c'est en adoptant cet apprentissage qu'il pourra commencer à parcourir le chemin de l'intégration avec la société. Plus la voie est obstruée, plus son intégration sera difficile. Il faut donc qu'elle soit bien tracée pour éviter toute chance de déviation. Et c'est ce qui arrive avec Klara, la petite fille qui a tout détruit dans la vie de son enseignant Lucas, par son "innocence". Elle reçoit ce qui doit être l'une des meilleures éducations dans le monde dans un environnement favorable, mais de simples querelles entre ses parents, aussi usuelles peuvent-elles paraître, sont suffisantes à la pousser à agir de manière totalement... insensée ? Mais qu'est ce qui est censé être "sensé" au juste dans le comportement d'un petit enfant ?

Klara a eu un certain choc qui l'a poussée à mentir. Quoi de plus normal que de voir un enfant mentir ? Mais le degré de mensonge chez l'enfant a des limites. Il y a des choses qu'il ne peut pas décrire. C'est tout son entourage, y compris ses parents, qui en est conscient. C'est une vérité générale. On en arrive même à la pousser à appliquer cette vérité peu importe sa véracité. Et ils font ça en "bonne foi". Ils la poussent carrément vers une direction dangereuse tant que cela ne sort pas des normes. On croirait presque qu'ils souhaitent l'authenticité de la chose, que les parents veulent vraiment voir leur fille subir une épreuve dévastatrice plutôt que de la voir mentir.

Des actes comme ceux décrits dans le film arrivent partout, mais il faut se demander pourquoi. Est-ce parce que c'est carrément devenu la norme qu'il faut toujours quelqu'un pour les suivre ? Et en cas de doute, faut-il éliminer ce doute en se basant sur ce qui se fait d'habitude ? Et si jamais on se trompait ? La foi défie toute logique, peu importe les conséquences. Le monde d'un individu, et le monde tout court, est détruit par "innocence" et en toute "bonne foi". L'insouciance de l'enfant face à cette destruction est alarmante. Et même quand c'est Klara elle-même qui avoue avoir menti, on préfère la faire taire et lui inculquer une nouvelle vérité qui arrange tout le monde.

La force du film réside dans le fait de montrer tout ceci, et encore plus, d'une façon très simple. À travers des dialogues totalement réels et des situations faciles à croire, l'impression de voir un film s'envole sans qu'on ne s'en aperçoive. Il s'agit maintenant de suivre le déroulement d'une histoire et la caméra n'est là que pour nous montrer l'essentiel. Ce qu'on voit à l'écran peut arriver à n'importe qui, n'importe où dans le monde. C'est la norme qui dicte ces événements et qui pousse même les adultes à forcer l'enfant à admettre des choses dont elle ignore l'existence.
Exercer le mal sans en être conscient, sans donner la chance à la vérité d'éclater, c'est peut-être la pire forme de "mal" qui puisse exister. Et notre monde est bâti sur ça.

10/10

1 comment:

  1. I did not read this piece of writing as I am afraid of spoilers .. I haven't seen the movie , but I am dying to ! Couldn't find it anywhere on the internet with english subs ! Can you help me ?
    Thanks :)
    Ps: I checked a number of your other writings and they are awesome, keep it up (y)
    Happy to follow :)

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