Wednesday, August 29, 2018
The Terror
En 1845, une expédition britannique de deux bateaux part à la recherche du passage Nord-Ouest à l'Océan Arctique. Perdus au milieu d'un désert de glace interminable, les membres de l'équipage tentent de survivre face au froid, la famine, le scorbut, le saturnisme, et une créature étrange qui semble les prendre pour proie. Basée sur des faits réels.
L'expédition perdue de Franklin est certainement l'une des tragédies les plus affreuses qui aient touché le monde marin. L'ampleur de la catastrophe n'est pas liée au nombre de morts en soi (qui n'est tout de même pas négligeable) mais plutôt à la façon qui a mené les membres de l'équipage, dépassant les 130 personnes, à leur fin. The Terror est basée sur le livre du même nom, lui-même basé sur l'histoire réelle de cette expédition, en lui ajoutant un élément surnaturel. Le résultat est un plongeon dans les abysses les plus reculées des profondeurs les plus sombres de l'horreur sous sa forme la plus terrifiante. Il s'agit d'horreur suffocante, pesante, qui s'installe lentement, prenant tout le temps qui lui est nécessaire pour bien affirmer sa domination absolue sur tous sans exception.
L'un des mot-clés de la réussite de cette série est : l'ambiance. Depuis le tout début, le sifflement constant du vent dans l'arrière-plan donne un air menaçant, même, et surtout, quand il s'agit de scènes se déroulant à l'intérieur des bateaux, rappelant à tout moment, tant aux personnages qu'aux spectateurs, que le danger est déjà bien présent, y compris pour ceux qui se trouvent dans les cabines. Et en dehors de la chaleur que procure la technologie bien développée pour l'époque, s'aventurer dehors, même sur le pont du bateau, est un fardeau. Le brouillard dense, le froid, le vent violent, et l'isolation totale du monde créent une atmosphère des plus accablantes.
Et la violence est omniprésente sous plusieurs formes. C'est à se demander si cette expédition n'avait pas été maudite par tous les dieux de toutes les religions qu'a inventées l'homme, vu la diversité des châtiments qui s'abattent l'un après l'autre sur les membres de ces deux bateaux.
La réponse à cette réflexion est plutôt positive. L'un de ces dieux se manifeste physiquement sous la forme du Tuunbaq ; une créature mystique qui ne tarde pas à s'afficher pour terroriser l'équipage. Pire encore, cette créature semble être dotée d'une intelligence assez développée, d'autant qu'elle est parfaitement à l'aise dans cet enfer glacial.
Il ne faut toutefois pas croire que The Terror se limite au monstre dans son récit, ou qu'il s'agisse de l'ennemi principal de l'équipage, comme on pourrait le comprendre à travers les trailers. D'autres "monstres" sont présents, sous d'autres formes. D'autres malédictions sont déjà à l'oeuvre, même depuis le départ des bateaux de l'Angleterre, préparant le terrain pour celles à suivre plus tard, beaucoup plus tard, quand le cauchemar des marins des temps anciens se manifestera à travers le scorbut.
Mais tous ces monstres, malédictions et maladies physiques ne sont pas de taille face au pire : l'être humain. Être un témoin de tant d'horreurs, avec des chances de survie qui rétrécissent chaque jour, en plus de la famine et ce qu'elle engendre, c'est la folie humaine qui prend le dessus. Il y a très peu de lueurs d'espoir durant le voyage, tout comme le soleil qui pourrait ne s'afficher que quelques minutes pendant toute une année.
Que peut-on reprocher à The Terror ? Très peu de choses à vrai dire. Peut-être la confusion entre certains personnages secondaires, dont les visages et les têtes sont souvent dissimulés à cause du froid, pourrait représenter un souci pour suivre certains événements ou même s'attacher à certains de ces personnages. Mais plus les événements s’enchaînent, moins il y a de confusion.
C'est la première fois que j'écris quelque chose sur une série au lieu d'un film ici, mais il fallait bien que j'exprime mon admiration face à The Terror. D'autant qu'il s'agit d'une mini-série qui dure en tout dans les 7h30, soit l'équivalent de trois long-métrages à peu près, un format parfait pour montrer une histoire de ce genre avec tous les détails nécessaires pour le bon développement des personnages et des événements. De plus, la qualité et les moyens utilisés n'ont rien à envier aux productions cinématographiques ; et je dirais même que la série dépasse et de loin la majorité écrasante des nouvelles productions destinées au grand écran en terme d'horreur constante et qui repose sur l'impact à long-terme plutôt que sur les "jump scares" faciles à exécuter et à oublier.
Tout ceci n'aurait pas été possible sans une réalisation impeccable, des images grandioses avec une attention très particulière donnée à tous les détails, aux costumes et aux décors, et des acteurs fabuleux dans l'expression des émotions de désespoir et de perte progressive de la raison.
Et maintenant il ne reste plus qu'à attend la deuxième saison, qui aura une histoire totalement différente et une nouvelle manifestation de la terreur. Une merveilleuse nouvelle annoncée par AMC qui, je l'espère vivement, donnera un souffle frais à l'horreur destinée au petit écran.
10/10
Tuesday, October 24, 2017
Blade Runner 2049
Au cours d'une mission de routine, K., Blade Runner de la nouvelle génération, fait une découverte importante. Ses implications sont énormes, et il y a déjà des intéressés prêts à tout pour mettre la main dessus.
Depuis plusieurs années on assiste à des séries de relancements, continuations et résurrections de vieux films qui ont marqué le cinéma. Que cela soit dans le but de profiter des nouvelles technologies qui permettent de mieux représenter le monde tel qu'il est voulu, ou tout simplement par recherche de gains qui vise une nouvelle audience qui n'a pas pu grandir avec des oeuvres imprégnées de cette influence, le résultat est souvent mauvais, voire même catastrophique ; et peu importe s'il s'agit du même réalisateur qui revient pour une nouvelle sortie, ce n'est pas une garantie. L'exemple qui est le plus proche ici serait évidemment Ridley Scott avec Alien en 1979, et qui nous a sorti il y a quelques années le très décevant, et pourtant prometteur, Prometheus, et par la suite Alien: Covenant. Quand on voit donc qu'une suite à Blade Runner était en cours, on devient tout de suite suspicieux.
Sauf que le réalisateur n'est autre que Denis Villeneuve. Il venait déjà de nous gratifier avec Arrival pas plus tard que l'année dernière, nous montrant par la même occasion qu'il est tout à fait à l'aise avec la science fiction. Sa filmographie est sans fautes, variant de "c'est vraiment un bon film" à "quelle putain de merveille !", et à voir la bande annonce sortie au courant de l'année, c'était vraiment alléchant.
Mais le défi reste gigantesque. Nous parlons ici de Blade Runner, un film qui a carrément ramené au grand écran un monde entièrement nouveau, tout en y mélangeant des genres jusque lors pas totalement compatibles. Et par-dessus tout, en parallèle à la plongée visuelle sublime dans ce monde à la fois glauque et merveilleusement coloré, il est question d'existentialisme subtilement novateur, pour l'époque. Et même si Blade Runner a influencé un nombre incalculable de films par la suite, il a à son tour été influencé par d'autres, Westworld étant peut-être le plus flagrant, notamment parce qu'il a aussi traité de la même thématique. Mais contrairement aux limites posées par Westworld qui s'intéresse moins à l'identité d'une entité intelligente et plus à directement montrer son "éveil" qui se révèle à la fin assez creux, Blade Runner n'a pas peur de s'aventurer et de poser des questions plus sérieuses.
Comment va faire Denis Villeneuve alors pour relever le défi ? Va-t-il juste se concentrer à nous plonger dans son monde à lui comme on le voit clairement dans la bande annonce ? Cette suite se limitera-t-elle à des plans remplies de couleurs et de lumières en tout genre ? Ou tentera-t-il aussi de pousser, à son tour, ces questions encore plus loin ? Et surtout, va-t-il réussir à le faire ?
Je n'ai vu Blade Runner 2049 que deux fois jusqu'à maintenant, et la première était malheureusement en 3D. D'ailleurs j'en profite un moment pour me plaindre un peu. Pourquoi est-ce que les salles tunisiennes, visiblement très mal équipées (d'ailleurs même pour un film en 2D), continuent à proposer des films en 3D ? Je n'ai jusqu'ici eu que de mauvaises expériences, soit les lunettes sont floues, soit l'écran est trop sombre, soit les deux. Et à la fin, au lieu que la 3D (qui n'est évidemment toujours pas nécessaire dans la majorité de ces nouvelles sorties) n'améliore la chose, on se trouve obligé, en tant que spectateurs, à essayer de nettoyer une tâche qui ne part jamais, où à carrément enlever les lunettes pour mieux voir (et parfois même juste comprendre) ce qui se passe à l'écran. Ce n'était donc qu'à ma deuxième fois que j'ai pu réellement vivre l'expérience Blade Runner 2049, pleinement, et la qualité de l'image à l'Agora y a énormément contribué. Je fais de la promotion gratuite, j'en suis conscient, mais malgré le prix du ticket absurde pour un film en 2D (le même que pour voir un film en 3D ailleurs) et la taille minuscule de la salle, je suis sorti satisfait. Je mentionne ceci parce que c'est important de voir le film dans de bonnes conditions.
Cette suite repose essentiellement sur les bases du premier, et le côté visuel n'est certainement pas le moindre. Le nombre de détails à explorer dans chaque cadre est tout simplement incroyable. Et bien que ces détails n'ajoutent pas toujours un plus à l'histoire, ils sont là pour contribuer à notre immersion, ce qui est un concept important ici. Il est tout à fait possible de se perdre face à l'écran énorme dans un cinéma, à littéralement tourner la tête à droite et à gauche pour ne rien rater. La ville est montrée sous des angles différents de ceux de 1982, à partir de points de vue plus distincts, et ce mélange de couleurs, noirceur, lumières, et bidonvilles donne un résultat sublime. Mais ça ne s'arrête pas là. Villeneuve n'as pas peur de s'aventurer loin, beaucoup plus loin qu'on ne l'aurait pensé. Il existe des mondes radicalement différents en dehors de Los Angeles, comme par exemple la vieille ville abandonnée qui semble être la manifestation réelle des oeuvres de Zdzislaw Beksinski. Et là encore l'immersion est totale. Les couleurs jaune/orange qui dominent se dégagent d'une telle intensité du grand écran qu'on a l'impression d'être absorbé à notre tour par ces couleurs. Ce monde dépasse le virtuel et nous prend habilement pour nous plonger dans cette nouvelle réalité. Et à la fin du film il devient difficile d'accepter le retour à la réalité. On veut plus. Les deux heures 45 minutes que dure le film ne sont pas assez, et d'ailleurs c'est difficile à croire que tout ce temps s'est écoulé.
La cadence à laquelle Blade Runner 2049 avance est parfaite. Elle va en parallèle à celle du protagoniste qui marche lentement, dans des prises longues et silencieuses, dans une ville déserte, où la brume jaune/orange semble presque avoir une forme solide. Ces scènes sont aussi faites pour le spectateur. Tout comme K. a besoin de temps pour explorer ces endroits et mieux comprendre son identité, son "être", et donc pour s'explorer lui-même, nous en tant que spectateurs l'accompagnons à son propre rythme, découvrant en même temps que lui ce nouveau monde dont on ne soupçonnait même pas l'existence. C'est ce qui explique pourquoi on a l'impression que le film est beaucoup plus court, même s'il y a très peu de scènes d'action.
C'est ce qui explique peut-être, entre autres, les résultats jugés décevants au box office américain. Et d'ailleurs beaucoup de gens ne sont pas au courant des trois court-métrages sortis avant le long de seulement quelques jours (seulement 1.5 millions de vues pour le premier), et c'est dommage. Ils sont disponibles gratuitement sur youtube et, bien qu'ils ne soient pas primordiaux pour comprendre Blade Runner 2049, ils sont disponibles gratuitement sur youtube. Il n'y a donc pas de raison valable pour ne pas regarder les trois court-métrages disponibles gratuitement sur youtube, si on ne veut vraiment rien rater. Et évidemment il faut avoir déjà vu le premier. Les nombreux thèmes explorés ici viennent de l'original, et là encore, Villeneuve a pris le pari de s'aventurer très loin. Ca ne s'arrête plus à la question de "l'humanité" et qu'est ce qui fait de nous des "humains". Qu'est ce qui fait la différence entre telle ou telle forme de vie ? Et d'ailleurs qu'est-ce que le terme "vie" en fin de compte ? Est-ce que l'intelligence artificielle développée pourrait être considérée une forme de vie ? Sommes-nous prêts à accepter l'intelligence artificielle et à lui accorder des droits ?
Le film ne donne pas de réponse définitive sur ces questions, mais il nous montre les possibilités si l'humanité prend des chemins aux dépens d'autres. C'est une suite digne de son prédécesseur. Ceci en soi est un exploit, mais Blade Runner 2049 est plus qu'une simple "suite" qui réussit. Blade Runner 2049 est un chef d'oeuvre à part. Nous avons de la chance d'avoir des réalisateurs du calibre de Villeneuve ou encore de Christopher Nolan, qui non seulement sont très actifs, mais qui en plus essaient de se surpasser avec chaque nouvelle sortie. Mais Villeneuve est déjà à la tête de cette course, et il va falloir beaucoup d'effort pour le dépasser.
10/10
Sunday, March 19, 2017
Train to Busan
Train to Busan (Sang-ho Yeon, 2016, Corée du Sud)
Un homme divorcé et sa fille, à la demande de cette dernière, prennent le train de Seoul vers Busan pour voir sa mère. Au moment où le train démarre, une étrange épidémie se propage à haute vitesse.
Les avis positifs sur Train to Busan étaient tellement nombreux que j'étais excité à l'idée de voir un film de zombies récent et de bonne qualité, d'autant qu'il est coréen.
Je me suis trompé.
Au début tout semblait bon. Tout allait bien. On nous présente les personnages principaux et on essaie de nous forcer à s'y attacher. Le père est quelqu'un de bon, mais il est juste submergé par son boulot, chose qu'on nous impose sans que cela ne soit convaincant, mais ce n'est pas important. Ou du moins au début, parce que la suite repose essentiellement sur ces attachements forcés qui, à force de se répéter, deviennent extrêmement lourds.
La tension est bien construite pour une bonne partie du film. Les zombies font des petites apparitions aléatoires dans l'arrière-plan des événements principaux. Nos protagonistes sont légèrement horrifiés par ce qu'on a identifié comme étant des bandes de criminels qui, semble-t-il, ont décidé d'attaquer plusieurs parties de la capitale. Et puis le train démarre.
Mais il y a un infecté à bord du train, et aussitôt qu'il démarre, les passagers s'aperçoivent que l'épidémie a déjà atteint la gare d'où ils viennent de partir. La propagation est tellement rapide et brutale. Ils n'arrivent pas à comprendre les actions ultra-brutales auxquels ils assistent derrière les vitres mais ils sont au moins à l'abri. Cependant, il ne leur a pas fallu longtemps pour découvrir que l'infection est déjà en phase de propagation sur le même train. Et c'est là que tout l'intérêt commence.
Des zombies enragés à la World War Z dans un train, le carnage promet d'être glorieux ! Les passagers sont très limités dans leurs mouvements et ils sont emprisonnés dans ces cages qui roulent à haute vitesse. Entre temps la propagation du virus se poursuit à une cadence infernale, et bientôt ils vont découvrir certaines méthodes pour éviter les zombies, ou les neutraliser momentanément. Car on comprend petit à petit qu'il n'est pas possible de tuer les monstres. Les humains ont beau les frapper avec des battes de baseball (ce qui devrait être un régal pour les yeux, mais ça arrive presque exclusivement en dehors du cadre), ils ne semblent tomber que momentanément. Ces hordes d'assoifés de sang refusent de rester à terre et finissent toujours par se relever, sans qu'on ne nous en explique la raison. En théorie, cela devrait ajouter encore plus de suspens et de menace, mais en pratique ça ne sert qu'à ajouter une couche de mélodrame dans le sens "On est foutu ! On ne peut rien faire ! Arriver à notre destination est la seule issue !" On est donc toujours conduit de force vers la fin voulue sans vraiment se soucier de nous en convaincre.
Même si des litres incalculables de sang sont utilisés, on ne voit jamais du gore. Un film de zombies violent où l'action est abondante, mais sans entrailles jetées partout, ni de bouts de cervelles qui volent suite à un éclat d'un crâne, c'est presque blasphémateur. C'est comme si le réalisateur était timide dans cet égard, à notre plus grand malheur.
Au lieu de nous offrir un air frais dans un genre où il est de plus en plus difficile d'innover, Train to Busan se contente d'insulter l'intelligence du spectateur en le noyant dans un vaste océan de mélodrame fourré de clichés enfantins. Le passage du président à la télé, le sourire du père à la dernière partie, le personnage méchant qui ne pense qu'à sa propre personne, la scène de "combat de boss" vers la fin... il se passe tellement de mauvaises choses pendant les deux heures que dure le film qu'il serait impossible et inutiler de les citer toutes. La meilleure chose à faire serait tout simplement de l'éviter. Je suis encore fâché après plusieurs jours de l'avoir vu.
3/10
Un homme divorcé et sa fille, à la demande de cette dernière, prennent le train de Seoul vers Busan pour voir sa mère. Au moment où le train démarre, une étrange épidémie se propage à haute vitesse.
Les avis positifs sur Train to Busan étaient tellement nombreux que j'étais excité à l'idée de voir un film de zombies récent et de bonne qualité, d'autant qu'il est coréen.
Je me suis trompé.
Au début tout semblait bon. Tout allait bien. On nous présente les personnages principaux et on essaie de nous forcer à s'y attacher. Le père est quelqu'un de bon, mais il est juste submergé par son boulot, chose qu'on nous impose sans que cela ne soit convaincant, mais ce n'est pas important. Ou du moins au début, parce que la suite repose essentiellement sur ces attachements forcés qui, à force de se répéter, deviennent extrêmement lourds.
La tension est bien construite pour une bonne partie du film. Les zombies font des petites apparitions aléatoires dans l'arrière-plan des événements principaux. Nos protagonistes sont légèrement horrifiés par ce qu'on a identifié comme étant des bandes de criminels qui, semble-t-il, ont décidé d'attaquer plusieurs parties de la capitale. Et puis le train démarre.
Mais il y a un infecté à bord du train, et aussitôt qu'il démarre, les passagers s'aperçoivent que l'épidémie a déjà atteint la gare d'où ils viennent de partir. La propagation est tellement rapide et brutale. Ils n'arrivent pas à comprendre les actions ultra-brutales auxquels ils assistent derrière les vitres mais ils sont au moins à l'abri. Cependant, il ne leur a pas fallu longtemps pour découvrir que l'infection est déjà en phase de propagation sur le même train. Et c'est là que tout l'intérêt commence.
Des zombies enragés à la World War Z dans un train, le carnage promet d'être glorieux ! Les passagers sont très limités dans leurs mouvements et ils sont emprisonnés dans ces cages qui roulent à haute vitesse. Entre temps la propagation du virus se poursuit à une cadence infernale, et bientôt ils vont découvrir certaines méthodes pour éviter les zombies, ou les neutraliser momentanément. Car on comprend petit à petit qu'il n'est pas possible de tuer les monstres. Les humains ont beau les frapper avec des battes de baseball (ce qui devrait être un régal pour les yeux, mais ça arrive presque exclusivement en dehors du cadre), ils ne semblent tomber que momentanément. Ces hordes d'assoifés de sang refusent de rester à terre et finissent toujours par se relever, sans qu'on ne nous en explique la raison. En théorie, cela devrait ajouter encore plus de suspens et de menace, mais en pratique ça ne sert qu'à ajouter une couche de mélodrame dans le sens "On est foutu ! On ne peut rien faire ! Arriver à notre destination est la seule issue !" On est donc toujours conduit de force vers la fin voulue sans vraiment se soucier de nous en convaincre.
Même si des litres incalculables de sang sont utilisés, on ne voit jamais du gore. Un film de zombies violent où l'action est abondante, mais sans entrailles jetées partout, ni de bouts de cervelles qui volent suite à un éclat d'un crâne, c'est presque blasphémateur. C'est comme si le réalisateur était timide dans cet égard, à notre plus grand malheur.
Au lieu de nous offrir un air frais dans un genre où il est de plus en plus difficile d'innover, Train to Busan se contente d'insulter l'intelligence du spectateur en le noyant dans un vaste océan de mélodrame fourré de clichés enfantins. Le passage du président à la télé, le sourire du père à la dernière partie, le personnage méchant qui ne pense qu'à sa propre personne, la scène de "combat de boss" vers la fin... il se passe tellement de mauvaises choses pendant les deux heures que dure le film qu'il serait impossible et inutiler de les citer toutes. La meilleure chose à faire serait tout simplement de l'éviter. Je suis encore fâché après plusieurs jours de l'avoir vu.
3/10
Labels:
2016,
Drama,
Horror,
Sang-ho Yeon,
South Korea,
Thriller
Friday, February 26, 2016
Chappie
Chappie (Neill Blomkamp, 2015, USA/Méxique)
2016, la ville de Johannesburg est infestée par le crime violent. Une entreprise a trouvé une solution en mettant en place des robots-policiers très efficaces dans la réduction du taux de criminalité. L'un de ces robots est doté d'une intelligence artificielle qui lui permet d'avoir une conscience, mais il est volé par un petit groupe de criminels.
Neill Blomkamp a commencé fort avec son premier long-métrage District 9, mais il a fait une chute avec le très décevant Elysium. Avec Chappie je me suis dit qu'il était temps de se reprendre, qu'Elysium n'était qu'une erreur involontaire. Après tout, son premier court-métrage Tetra Vaal, sur lequel est basé Chappie, était prometteur, et l'idée, si elle est bien exploitée, pourrait donner une merveille. Mais le réalisateur a choisi de prendre d'autres chemins moins ambitieux.
Le début laisse présager un retour vers un style un peu plus proche de District 9. Quelques minutes plus tard cette sensation commence à s'ébranler, et la première scène d'action commence. C'est du beau spectacle. Il y a des balles tirées partout, des choses qui explosent, et au milieu de tout ce chaos les robocops sont occupés à butter du cul de méchant. C'est jouissif même si on commence à remarquer certaines choses illogiques, mais on se dit qu'en fin de compte ça va être un film d'action où la raison et la logique n'ont pas d'importance face au plaisir de voir des explosions et du sang qui coule.
Mais au fur et à mesure qu'on avance on comprend que l'action n'est pas la priorité principale. L'idée est de montrer comment un robot "conscient" commencerait à mener sa nouvelle vie dans un monde brutal. Tout est donc bon pour le mettre dans différentes situations où on pourrait le voir apprendre à parler, s'adapter, utiliser le langage des gangsters ou encore effrayer les gens. Sauf que tout cela n'est pas assez excitant aux yeux de Blomkamp, il faut introduire des éléments démoralisants, des obstacles et des limites vraisemblement infranchissables, pour nous rattacher de force à Chappie le robot tout en pensant qu'il n'a aucune chance de s'en sortir. Et donc l'histoire avance bêtement en nous imposant à chaque fois la nouvelle étape à franchir, le prochain but, sans aucune considération pour le bon sens. Un personnage X annonce qu'il faut faire ceci ou cela et c'est ce qui se passe. Ensuite, un autre personnage Y dit que cette chose ou l'autre est très importante, et donc tout les événements du film tournent autour de ça pendant un moment, jusqu'à la prochaine étape. Et là ça reprend, peu importe si l'explication qu'on nous donne est convaincante ou pas, et généralement elle ne l'est pas. Mais il faut que le film continue d'avancer, il n'y a pas de temps à perdre à essayer d'expliquer comment telle ou telle chose pourrait se passer de cette façon, il y a d'autres méchants à montrer, et les méchants furieux qui veulent tout casser à tout prix sont nombreux.
À la fin on comprend que le film n'est qu'une longue série d'excuses pour nous montrer un combat à la Robocop, tout en jouant sur le sensationnel avec un robot plus humain que machine pour en arriver là. Sauf que là encore ce n'était pas suffisant pour Blomkamp. Il lui faut rajouter quelque chose d'encore plus touchant, quelque chose de "profond" pour appaiser le public. Après tous ces morts et toute cette destruction, il faut que le spectateur sort avec une image positive et joyeuse. Et pour cela il faut des clichés, et il vaut inventer un nouveau concept à résoudre dans la dernière partie du film. Peu importe le comment, peu importe la balle qui disparaît miraculeusement de la jambe de quelqu'un sans aucune explication, peu importe qui est mort et qui ne l'est pas ; il suffit de montrer quelques images et c'est suffisant, les maux disparaissent, et la musique va s'soccuper du reste.
Ma déception est assez énorme, quoique le film reste beau à voir avec des scènes d'action excellentes. C'est amusant aussi avec tout ce que fait un robot nouveau-né dans le monde des gangsters. Mais cette envie d'inclure le nombre le plus élevé possible de clichés (et de méchants aussi) aux dépens de l'histoire finit par le réduire à un simple film avec lequel on pourrait passer une bonne soirée et à oublier le lendemain.
Avec un film réussi et deux de suite ratés, je suis préoccupé pour le prochain Alien qui sera réalisé par Neill Blomkamp.
04/10
2016, la ville de Johannesburg est infestée par le crime violent. Une entreprise a trouvé une solution en mettant en place des robots-policiers très efficaces dans la réduction du taux de criminalité. L'un de ces robots est doté d'une intelligence artificielle qui lui permet d'avoir une conscience, mais il est volé par un petit groupe de criminels.
Neill Blomkamp a commencé fort avec son premier long-métrage District 9, mais il a fait une chute avec le très décevant Elysium. Avec Chappie je me suis dit qu'il était temps de se reprendre, qu'Elysium n'était qu'une erreur involontaire. Après tout, son premier court-métrage Tetra Vaal, sur lequel est basé Chappie, était prometteur, et l'idée, si elle est bien exploitée, pourrait donner une merveille. Mais le réalisateur a choisi de prendre d'autres chemins moins ambitieux.
Le début laisse présager un retour vers un style un peu plus proche de District 9. Quelques minutes plus tard cette sensation commence à s'ébranler, et la première scène d'action commence. C'est du beau spectacle. Il y a des balles tirées partout, des choses qui explosent, et au milieu de tout ce chaos les robocops sont occupés à butter du cul de méchant. C'est jouissif même si on commence à remarquer certaines choses illogiques, mais on se dit qu'en fin de compte ça va être un film d'action où la raison et la logique n'ont pas d'importance face au plaisir de voir des explosions et du sang qui coule.
Mais au fur et à mesure qu'on avance on comprend que l'action n'est pas la priorité principale. L'idée est de montrer comment un robot "conscient" commencerait à mener sa nouvelle vie dans un monde brutal. Tout est donc bon pour le mettre dans différentes situations où on pourrait le voir apprendre à parler, s'adapter, utiliser le langage des gangsters ou encore effrayer les gens. Sauf que tout cela n'est pas assez excitant aux yeux de Blomkamp, il faut introduire des éléments démoralisants, des obstacles et des limites vraisemblement infranchissables, pour nous rattacher de force à Chappie le robot tout en pensant qu'il n'a aucune chance de s'en sortir. Et donc l'histoire avance bêtement en nous imposant à chaque fois la nouvelle étape à franchir, le prochain but, sans aucune considération pour le bon sens. Un personnage X annonce qu'il faut faire ceci ou cela et c'est ce qui se passe. Ensuite, un autre personnage Y dit que cette chose ou l'autre est très importante, et donc tout les événements du film tournent autour de ça pendant un moment, jusqu'à la prochaine étape. Et là ça reprend, peu importe si l'explication qu'on nous donne est convaincante ou pas, et généralement elle ne l'est pas. Mais il faut que le film continue d'avancer, il n'y a pas de temps à perdre à essayer d'expliquer comment telle ou telle chose pourrait se passer de cette façon, il y a d'autres méchants à montrer, et les méchants furieux qui veulent tout casser à tout prix sont nombreux.
À la fin on comprend que le film n'est qu'une longue série d'excuses pour nous montrer un combat à la Robocop, tout en jouant sur le sensationnel avec un robot plus humain que machine pour en arriver là. Sauf que là encore ce n'était pas suffisant pour Blomkamp. Il lui faut rajouter quelque chose d'encore plus touchant, quelque chose de "profond" pour appaiser le public. Après tous ces morts et toute cette destruction, il faut que le spectateur sort avec une image positive et joyeuse. Et pour cela il faut des clichés, et il vaut inventer un nouveau concept à résoudre dans la dernière partie du film. Peu importe le comment, peu importe la balle qui disparaît miraculeusement de la jambe de quelqu'un sans aucune explication, peu importe qui est mort et qui ne l'est pas ; il suffit de montrer quelques images et c'est suffisant, les maux disparaissent, et la musique va s'soccuper du reste.
Ma déception est assez énorme, quoique le film reste beau à voir avec des scènes d'action excellentes. C'est amusant aussi avec tout ce que fait un robot nouveau-né dans le monde des gangsters. Mais cette envie d'inclure le nombre le plus élevé possible de clichés (et de méchants aussi) aux dépens de l'histoire finit par le réduire à un simple film avec lequel on pourrait passer une bonne soirée et à oublier le lendemain.
Avec un film réussi et deux de suite ratés, je suis préoccupé pour le prochain Alien qui sera réalisé par Neill Blomkamp.
04/10
Tuesday, June 2, 2015
Mad Max: Fury Road
Mad Max: Fury Road (George Miller, 2015, USA/Australie)
Dans un monde post-apocalyptique où il ne reste plus que du désert, Max se trouve plongé malgré lui dans une guerre-poursuite contre une armée de motards fanatiques au service d'un tyran qui se fait appeler Immortan Joe.
Il y a souvent un risque à vouloir faire revivre une vieille série de films. On l'a appris ces dernières années par exemple avec Prometheus qui se voulait être un prequel indirect à Alien. Mais contrairement à Ridley Scott, George Miller a bien su peser les choses avec ce qu'on attend d'un film qui porte "Mad Max" dans le titre et les possibilités offertes par les moyens actuels ; mais aussi aux attentes du public. Et le résultat est... explosif !
Mad Max Fury Road porte plus que bien son nom. En effet dès les premières secondes on est directement plongé dans une autoroute de scènes d'action furieuses, ultra-rapides et sanglantes sans aucun signe de ralentissement à l'horizon. Exactement comme l'est Max dans le film on n'a pas trop le temps de se poser des questions inutiles, on doit d'abord s'apprêter à ce qui va suivre et c'est seulement après qu'on peut réfléchir un peu sur ce qui vient de se passer. Et il faut le dire, avec le rythme effréné de l'aventure on n'a pas trop de ces occasions.
George Miller a misé sur le style et l'ambiance plutÙt que sur l'histoire. Il a compris qu'il ne fallait pas trop s'approfondir sur cette dernière parce que ça le mènerait tout droit dans une impasse où il sera impossible de faire marche arrière. Il avait donc du champ libre pour mettre en oeuvre toutes sortes de fantaisies folles mais qui restent ancrées dans l'univers qu'il a créé. C'est donc avec plaisir (et sans devoir fournir trop d'explications) qu'on trouve des hordes de fanatiques bizarrement vêtus qui sont prêts à tout pour atteindre leur objectif. La mort ne les effraie pas, c'est même le contraire, elle est parfois le moteur principal qui les pousse à se sacrifier dans l'espoir de plaire à leur chef suprême et d'accéder au Valhalla. En somme, une excellente excuse pour nous montrer du spectacle : les War Boys qui partent à la chasse (ou la guerre) dans l'espoir de ne pas pouvoir en revenir, ça ne peut qu'être un régal. Et c'est donc avec plaisir qu'on voit le fameux guitariste qui vient donner du rythme à tout ce vacarme. Ca vaut le coup d'aller voir le film juste pour lui !
Il faut quand même avouer que rouler à haute vitesse comporte des risques, même pour les plus expérimentés des pilotes de course. Mais au lieu de voir notre engin perdre le contrôle et faire des roulades interminables sur le bord de la route, il s'agit juste de quelques petits dérapages qui s'avèrent être inoffensifs à la fin.
Ces petits dérapages se manifestent sous la forme de ce côté féministe qui, d'une part n'est pas du tout développé, ce qui est compréhensible et même bienvenu, mais d'une autre, il est tellement mis à l'écart que ça pousse la pensée à la direction opposée. Le groupe des femmes "modèles" est là seulement et uniquement pour être protégé, que ça soit de la part des "méchants" du film ou des "gentils". Elles ne font donc rien de spécial à part se cacher, crier et être un fardeau pour les autres. Quant au groupe des femmes "rebelles" elles ne sont là que pour se faire tuer à la place des deux personnages principaux. On est dans une guerre et il faut qu'il y ait des dégâts des deux côtés pour garder le suspens, parce que sinon les quelques blessures que reçoit Max vont finir par être lassantes. Ceci en soi n'est pas mauvais, ça rajoute beaucoup plus de possibilités d'avoir des soldats prêts à mourir des morts tout aussi spectaculaires les unes que les autres plutôt qu'à limiter ceci à un seul camp.
Et on a aussi la femme qui se distingue des autres, l'Imperator Furiosa. Elle fait plus de boulot que Max, et l'idée qui a lancé ce cataclysme vient d'elle (ah, ce n'est pas vraiment très féministe !) ; mais on la voit aussi se tromper sur quelque chose d'important où elle a dû suivre ses émotions, pour avoir ensuite la suggestion du Salut de la part d'un homme.
Mais à la fin ceci est négligeable face au reste. C'est juste inutile et ça ne rajoute rien de consistant. Heureusement qu'on n'a même pas assez de temps pour avoir toutes ces masturbations intellectuelles sur le rôle que doit occuper la femme dans un monde post-apocalyptique, où l'apocalypse en question a été causée par des hommes. On est plutôt occupé à être encore, même jusqu'au dernier quart d'heure du film, émerveillé par l'ingéniosité des attaques, l'imagination derrière les véhicules de guerre, les armes à la fois développées et archaïques... et les explosions, toujours les explosions !
Si vous êtes fan d'action directe où plein de choses se passent à la fois, à haute vitesse et sans trop de pauses pour essayer de digérer ce qui vient de se passer, ce film est pour vous. Je dirais même que c'est le meilleur film d'action sorti depuis des années, et ça va le rester pour pas mal de temps.
Si par contre vous cherchez des personnages complexes, de la logique ou autre de chose de plus sérieux, vous devriez passer votre chemin.
Merci à la salle Ciné Mad'Art d'avoir proposé le film au même moment que la sortie mondiale !
10/10
Dans un monde post-apocalyptique où il ne reste plus que du désert, Max se trouve plongé malgré lui dans une guerre-poursuite contre une armée de motards fanatiques au service d'un tyran qui se fait appeler Immortan Joe.
Il y a souvent un risque à vouloir faire revivre une vieille série de films. On l'a appris ces dernières années par exemple avec Prometheus qui se voulait être un prequel indirect à Alien. Mais contrairement à Ridley Scott, George Miller a bien su peser les choses avec ce qu'on attend d'un film qui porte "Mad Max" dans le titre et les possibilités offertes par les moyens actuels ; mais aussi aux attentes du public. Et le résultat est... explosif !
Mad Max Fury Road porte plus que bien son nom. En effet dès les premières secondes on est directement plongé dans une autoroute de scènes d'action furieuses, ultra-rapides et sanglantes sans aucun signe de ralentissement à l'horizon. Exactement comme l'est Max dans le film on n'a pas trop le temps de se poser des questions inutiles, on doit d'abord s'apprêter à ce qui va suivre et c'est seulement après qu'on peut réfléchir un peu sur ce qui vient de se passer. Et il faut le dire, avec le rythme effréné de l'aventure on n'a pas trop de ces occasions.
George Miller a misé sur le style et l'ambiance plutÙt que sur l'histoire. Il a compris qu'il ne fallait pas trop s'approfondir sur cette dernière parce que ça le mènerait tout droit dans une impasse où il sera impossible de faire marche arrière. Il avait donc du champ libre pour mettre en oeuvre toutes sortes de fantaisies folles mais qui restent ancrées dans l'univers qu'il a créé. C'est donc avec plaisir (et sans devoir fournir trop d'explications) qu'on trouve des hordes de fanatiques bizarrement vêtus qui sont prêts à tout pour atteindre leur objectif. La mort ne les effraie pas, c'est même le contraire, elle est parfois le moteur principal qui les pousse à se sacrifier dans l'espoir de plaire à leur chef suprême et d'accéder au Valhalla. En somme, une excellente excuse pour nous montrer du spectacle : les War Boys qui partent à la chasse (ou la guerre) dans l'espoir de ne pas pouvoir en revenir, ça ne peut qu'être un régal. Et c'est donc avec plaisir qu'on voit le fameux guitariste qui vient donner du rythme à tout ce vacarme. Ca vaut le coup d'aller voir le film juste pour lui !
Il faut quand même avouer que rouler à haute vitesse comporte des risques, même pour les plus expérimentés des pilotes de course. Mais au lieu de voir notre engin perdre le contrôle et faire des roulades interminables sur le bord de la route, il s'agit juste de quelques petits dérapages qui s'avèrent être inoffensifs à la fin.
Ces petits dérapages se manifestent sous la forme de ce côté féministe qui, d'une part n'est pas du tout développé, ce qui est compréhensible et même bienvenu, mais d'une autre, il est tellement mis à l'écart que ça pousse la pensée à la direction opposée. Le groupe des femmes "modèles" est là seulement et uniquement pour être protégé, que ça soit de la part des "méchants" du film ou des "gentils". Elles ne font donc rien de spécial à part se cacher, crier et être un fardeau pour les autres. Quant au groupe des femmes "rebelles" elles ne sont là que pour se faire tuer à la place des deux personnages principaux. On est dans une guerre et il faut qu'il y ait des dégâts des deux côtés pour garder le suspens, parce que sinon les quelques blessures que reçoit Max vont finir par être lassantes. Ceci en soi n'est pas mauvais, ça rajoute beaucoup plus de possibilités d'avoir des soldats prêts à mourir des morts tout aussi spectaculaires les unes que les autres plutôt qu'à limiter ceci à un seul camp.
Et on a aussi la femme qui se distingue des autres, l'Imperator Furiosa. Elle fait plus de boulot que Max, et l'idée qui a lancé ce cataclysme vient d'elle (ah, ce n'est pas vraiment très féministe !) ; mais on la voit aussi se tromper sur quelque chose d'important où elle a dû suivre ses émotions, pour avoir ensuite la suggestion du Salut de la part d'un homme.
Mais à la fin ceci est négligeable face au reste. C'est juste inutile et ça ne rajoute rien de consistant. Heureusement qu'on n'a même pas assez de temps pour avoir toutes ces masturbations intellectuelles sur le rôle que doit occuper la femme dans un monde post-apocalyptique, où l'apocalypse en question a été causée par des hommes. On est plutôt occupé à être encore, même jusqu'au dernier quart d'heure du film, émerveillé par l'ingéniosité des attaques, l'imagination derrière les véhicules de guerre, les armes à la fois développées et archaïques... et les explosions, toujours les explosions !
Si vous êtes fan d'action directe où plein de choses se passent à la fois, à haute vitesse et sans trop de pauses pour essayer de digérer ce qui vient de se passer, ce film est pour vous. Je dirais même que c'est le meilleur film d'action sorti depuis des années, et ça va le rester pour pas mal de temps.
Si par contre vous cherchez des personnages complexes, de la logique ou autre de chose de plus sérieux, vous devriez passer votre chemin.
Merci à la salle Ciné Mad'Art d'avoir proposé le film au même moment que la sortie mondiale !
10/10
Monday, February 3, 2014
Subconscious Cruelty
Subconscious Cruelty (Karim Hussain, 2000, Canada)
Li'dée de départ est : Qu'arriverait-il si jamais l'hémisphère droit du cerveau, la partie qui contrôle les émotions, prenait le dessus sur l'hémisphère gauche, autrement dit la raison ?
Quel esprit dérangé possède Karim Hussain ! Et dire qu'il a commencé ce film en 1994, lorsqu'il n'avait que 19 ans !
Ceci est une expérience à part. C'est comme vivre un rêve mais en vrai. "Cauchemar" diront certains, vu la nature extrême des imageries auxquelles on est sujet tout au long de ce voyage. Il faut l'avouer, Karim Hussain n'hésite pas à montrer ce qu'il veut peu importe la gravité ou l'horreur des actes commis, et en détail. Et c'est là que se manifeste tout son génie. Ce n'est pas le gore très poussé qui fait de Subconscious Cruelty une oeuvre si spéciale, mais le fait de savoir que montrer telle ou telle idée ou image en particulier va inévitablement faire mal. Et encore, les idées exprimées ne reposent pas sur le sang, il n'est que le moyen pour dévoiler des pensées encore plus dérangeantes.
La structure fait davantage penser au rêve. Il n'y a pas de chemin clair, seulement des segments vaguement liés entre eux. Pas de dialogues non plus, ou alors très peu et pas au point de pouvoir les nommer ainsi. C'est soit la musique qui règne, soit la voix du narrateur, étrangement captivante d'ailleurs. Les lumières, les couleurs et l'aménagement des pièces dans lesquelles se passent les actions (ou le choix des endroits extérieurs) sont tellement bien soignés, et là encore, le réalisateur sait exactement ce qu'il faut faire pour que l'immersion soit parfaite !
J'ai vu et revu Subconscious Cruelty à plusieurs reprises et il m'est encore très difficile d'en parler. Je préfère donc m'arrêter là, des expériences de cette envergure ne se racontent pas, elles se vivent. Je tiens quand même à le dire, si ce n'était pas déjà clair : ceci n'est pas un film destiné à tout le monde. Karim Hussain ne connait pas de tabous, ni sur le fond ni sur la forme, et il faut donc se préparer à l'avance.
10/10
Li'dée de départ est : Qu'arriverait-il si jamais l'hémisphère droit du cerveau, la partie qui contrôle les émotions, prenait le dessus sur l'hémisphère gauche, autrement dit la raison ?
Quel esprit dérangé possède Karim Hussain ! Et dire qu'il a commencé ce film en 1994, lorsqu'il n'avait que 19 ans !
Ceci est une expérience à part. C'est comme vivre un rêve mais en vrai. "Cauchemar" diront certains, vu la nature extrême des imageries auxquelles on est sujet tout au long de ce voyage. Il faut l'avouer, Karim Hussain n'hésite pas à montrer ce qu'il veut peu importe la gravité ou l'horreur des actes commis, et en détail. Et c'est là que se manifeste tout son génie. Ce n'est pas le gore très poussé qui fait de Subconscious Cruelty une oeuvre si spéciale, mais le fait de savoir que montrer telle ou telle idée ou image en particulier va inévitablement faire mal. Et encore, les idées exprimées ne reposent pas sur le sang, il n'est que le moyen pour dévoiler des pensées encore plus dérangeantes.
La structure fait davantage penser au rêve. Il n'y a pas de chemin clair, seulement des segments vaguement liés entre eux. Pas de dialogues non plus, ou alors très peu et pas au point de pouvoir les nommer ainsi. C'est soit la musique qui règne, soit la voix du narrateur, étrangement captivante d'ailleurs. Les lumières, les couleurs et l'aménagement des pièces dans lesquelles se passent les actions (ou le choix des endroits extérieurs) sont tellement bien soignés, et là encore, le réalisateur sait exactement ce qu'il faut faire pour que l'immersion soit parfaite !
J'ai vu et revu Subconscious Cruelty à plusieurs reprises et il m'est encore très difficile d'en parler. Je préfère donc m'arrêter là, des expériences de cette envergure ne se racontent pas, elles se vivent. Je tiens quand même à le dire, si ce n'était pas déjà clair : ceci n'est pas un film destiné à tout le monde. Karim Hussain ne connait pas de tabous, ni sur le fond ni sur la forme, et il faut donc se préparer à l'avance.
10/10
Labels:
2000,
Canada,
Fantasy,
Horror,
Karim Hussain
Sunday, December 29, 2013
The Man from Earth
The Man from Earth (Richard Schenkman, 2007, USA)
John Oldman, professeur universitaire, décide de partir vers une destination inconnue en laissant tout derrière. Il invite ses amis avant de le faire pour leur expliquer ses raisons : c'est un homme qui ne vieillit pas et qui a 14 000 ans d'existence.
Le concept de l'immortalité pour l'être humain a toujours été une source d'inspiration inépuisable. Les mythes et légendes sur des hommes qui ne vieillissent pas existent partout. Chaque peuple a sa propre version des choses, celle des vampires étant probablement la plus connue. Et comme c'est souvent le cas avec les vampires, ces êtres immortels ont souvent des pouvoirs surnaturels ou inhumains. Ils sont également mal vus, en général, puisqu'ils ne peuvent pas cohabiter avec les humains normaux sans leur causer des dégâts, qu'ils soient directs ou collatéraux. D'un autre point de vue, c'est comme si on s'opposait à Dieu et à sa volonté en étant immortel. Après tout, si un homme a la possibilité d'assister en temps réel à la création de toutes les religions majeures du monde, il est tout à fait normal d'y voir un ennemi de la religion. En gros il serait le seul témoin direct sur cet énorme mensonge qu'est la religion ou Dieu, tel décrit dans ces religions répandues partout.
Mais qu'en est-il si un homme qui ne vieillit pas n'a ni super pouvoirs, ni intention de nuire aux autres, et qui ne chercherait qu'à mener sa vie en paix pour encore des milliers d'années ?
L'enjeu est énorme mais c'est une réussite. The Man From Earth nous offre la chance de vivre, pendant un temps déterminé, une sorte de vérité parallèle. Que se passerait-il si un jour l'un de nous est confronté à une situation pareille ? Il va certainement poser des questions, tout d'abord sur l'histoire et l'état du monde à l'époque, puis sur le mode de vie de John, sur son histoire à lui, sur ce qu'il a vu de ses propres yeux, ou tout simplement sur des petits détails insignifiants, mais pour lesquels John a toujours une réponse toute prête. En essayant de convaincre ses amis par son histoire, et seulement à travers ses paroles, John se trouve face à un obstacle majeur : la foi, et pas seulement religieuse. Si quelqu'un est convaincu jusqu'au fin fond de son être de quelque chose, il lui est impossible de cesser d'y croire en un seul coup. Sa réaction peut même être violente. Il pourra carrément refuser la simple écoute. Les normes disent que ce qui s'entend, peu importe la solidité de la logique derrière ou l'absence de mauvais arguments, est faux tant qu'il ne s'accorde pas avec ce qui nous sied. Que dire alors s'il s'agit de donner l'explication derrière l'origine des religions, le christianisme étant directement pointé du doigt !
Mais peut-être que John Oldman est seulement en train de mentir ? Peut-être que c'est juste un homme très intelligent qui sait comment ficeler un mensonge parfait en peu de temps ?
Peu importe à vrai dire. Parfois on ne demande qu'à croire, ne serait-ce que momentanément, que telle ou telle chose bizarre soit vraie. Alors si c'est présenté d'une façon simple et réaliste, qu'il n'y a ni excès ni manque et qu'on apprend des choses nouvelles, c'est que nous ne demandons rien de plus !
9/10
John Oldman, professeur universitaire, décide de partir vers une destination inconnue en laissant tout derrière. Il invite ses amis avant de le faire pour leur expliquer ses raisons : c'est un homme qui ne vieillit pas et qui a 14 000 ans d'existence.
Le concept de l'immortalité pour l'être humain a toujours été une source d'inspiration inépuisable. Les mythes et légendes sur des hommes qui ne vieillissent pas existent partout. Chaque peuple a sa propre version des choses, celle des vampires étant probablement la plus connue. Et comme c'est souvent le cas avec les vampires, ces êtres immortels ont souvent des pouvoirs surnaturels ou inhumains. Ils sont également mal vus, en général, puisqu'ils ne peuvent pas cohabiter avec les humains normaux sans leur causer des dégâts, qu'ils soient directs ou collatéraux. D'un autre point de vue, c'est comme si on s'opposait à Dieu et à sa volonté en étant immortel. Après tout, si un homme a la possibilité d'assister en temps réel à la création de toutes les religions majeures du monde, il est tout à fait normal d'y voir un ennemi de la religion. En gros il serait le seul témoin direct sur cet énorme mensonge qu'est la religion ou Dieu, tel décrit dans ces religions répandues partout.
Mais qu'en est-il si un homme qui ne vieillit pas n'a ni super pouvoirs, ni intention de nuire aux autres, et qui ne chercherait qu'à mener sa vie en paix pour encore des milliers d'années ?
L'enjeu est énorme mais c'est une réussite. The Man From Earth nous offre la chance de vivre, pendant un temps déterminé, une sorte de vérité parallèle. Que se passerait-il si un jour l'un de nous est confronté à une situation pareille ? Il va certainement poser des questions, tout d'abord sur l'histoire et l'état du monde à l'époque, puis sur le mode de vie de John, sur son histoire à lui, sur ce qu'il a vu de ses propres yeux, ou tout simplement sur des petits détails insignifiants, mais pour lesquels John a toujours une réponse toute prête. En essayant de convaincre ses amis par son histoire, et seulement à travers ses paroles, John se trouve face à un obstacle majeur : la foi, et pas seulement religieuse. Si quelqu'un est convaincu jusqu'au fin fond de son être de quelque chose, il lui est impossible de cesser d'y croire en un seul coup. Sa réaction peut même être violente. Il pourra carrément refuser la simple écoute. Les normes disent que ce qui s'entend, peu importe la solidité de la logique derrière ou l'absence de mauvais arguments, est faux tant qu'il ne s'accorde pas avec ce qui nous sied. Que dire alors s'il s'agit de donner l'explication derrière l'origine des religions, le christianisme étant directement pointé du doigt !
Mais peut-être que John Oldman est seulement en train de mentir ? Peut-être que c'est juste un homme très intelligent qui sait comment ficeler un mensonge parfait en peu de temps ?
Peu importe à vrai dire. Parfois on ne demande qu'à croire, ne serait-ce que momentanément, que telle ou telle chose bizarre soit vraie. Alors si c'est présenté d'une façon simple et réaliste, qu'il n'y a ni excès ni manque et qu'on apprend des choses nouvelles, c'est que nous ne demandons rien de plus !
9/10
Labels:
2007,
Drama,
Richard Schenkman,
Sci-Fi,
USA
Tuesday, December 17, 2013
Bastardo
Bastardo (Nejib Belkadhi, 2013, Tunisie/France)
Mohsen, alias Bastardo, est renvoyé de son travail, chose qui complique davantage sa vie dans un quartier où tout le monde le regarde de haut. Mais l'installation d'un relais GSM sur son toit va tout changer.
Beaucoup de films tunisiens utilisent les métaphores à tort et à travers et ce, tout en essayant de parler de "problèmes de la société tunisienne". On en arrive au point à se demander si cette société dont ils parlent ne se situerait pas sur une autre planète, d'autant que les raisons qui poussent les "film-makers" à se ruer sur ces problématiques demeurent un mystère.
On a soit ce type, soit les comédies légères à en perdre la raison.
C'est très réducteur, et je ne prétends pas posséder un savoir énorme sur le cinéma tunisien, mais ce sont justement ces films pourris qui me découragent à en découvrir plus.
Mais il arrive, de temps en temps, qu'un film sorte du lot et sans pour autant être exceptionnel. Bastardo est en ce sens un bâtard du cinéma tunisien. Un style assez particulier qui frôle le surréalisme tout en gardant les pieds solidement ancrés sur terre.
J'avoue que je m'attendais à quelque chose de différent et même de mieux, mais j'étais surpris, en même temps, par l'univers créé par Nejib Belkadhi, ce côté légèrement en dehors du naturel tout en restant loin des prétentions fallacieuses d'un Dowaha, juste en tant qu'exemple. Ca fait quand même un bon bout de temps qu'on entend parler de Bastardo et personnellement je pensais qu'il allait prendre un chemin différent, plus direct et plus violent.
Le film tourne autour du crime mais il ne s'agit que de la forme, le fond étant axé sur d'autres notions qui laissent le terrain libre pour le crime, la violence et la pauvreté de fleurir. C'est à la fois la force et la faiblesse de Bastardo. Dans cet univers où la police n'existe pas, où une fille attire d'une façon répugnante la vie envers elle, les allégories constituent l'essence même de l'oeuvre.
Mais si on veut nous faire entrer dans un monde nouveau, il faut d'abord nous montrer la voie. Les éléments qui constituent ce monde sont généralement bien dressés mais on sent toujours un vide, un détail qui manque. Pourquoi X se comporte-t-il avec Y de cette façon ? Non, les mini-flashbacks assez présents ne sont pas suffisants, d'autant qu'ils ne sont pas vraiment efficaces.
On nous parle du changement de l'état du quartier à plusieurs reprises mais sans pour autant nous montrer réellement ce changement. De même pour les personnages qui donnent l'impression de subir des transformations importantes sans qu'on ne puisse associer correctement la cause à la conséquence.
Il faut tout de même reconnaître que malgré sa courte durée et le manque visible de temps consacré au personnages, l'expérience est plutôt plaisante et l'immersion agréable. L'esthétique bien soignée joue un rôle important à dépeindre l'ascension au pouvoir d'un bâtard détesté par tous. Et même si les caricatures sont parfois exagérées plus qu'il ne le faut, Bastardo arrive à nous redonner l'espoir, à nous faire comprendre qu'il est tout à fait possible d'expérimenter sans pour autant que cela ne vire à la masturbation gratuite.
7.5/10
Mohsen, alias Bastardo, est renvoyé de son travail, chose qui complique davantage sa vie dans un quartier où tout le monde le regarde de haut. Mais l'installation d'un relais GSM sur son toit va tout changer.
Beaucoup de films tunisiens utilisent les métaphores à tort et à travers et ce, tout en essayant de parler de "problèmes de la société tunisienne". On en arrive au point à se demander si cette société dont ils parlent ne se situerait pas sur une autre planète, d'autant que les raisons qui poussent les "film-makers" à se ruer sur ces problématiques demeurent un mystère.
On a soit ce type, soit les comédies légères à en perdre la raison.
C'est très réducteur, et je ne prétends pas posséder un savoir énorme sur le cinéma tunisien, mais ce sont justement ces films pourris qui me découragent à en découvrir plus.
Mais il arrive, de temps en temps, qu'un film sorte du lot et sans pour autant être exceptionnel. Bastardo est en ce sens un bâtard du cinéma tunisien. Un style assez particulier qui frôle le surréalisme tout en gardant les pieds solidement ancrés sur terre.
J'avoue que je m'attendais à quelque chose de différent et même de mieux, mais j'étais surpris, en même temps, par l'univers créé par Nejib Belkadhi, ce côté légèrement en dehors du naturel tout en restant loin des prétentions fallacieuses d'un Dowaha, juste en tant qu'exemple. Ca fait quand même un bon bout de temps qu'on entend parler de Bastardo et personnellement je pensais qu'il allait prendre un chemin différent, plus direct et plus violent.
Le film tourne autour du crime mais il ne s'agit que de la forme, le fond étant axé sur d'autres notions qui laissent le terrain libre pour le crime, la violence et la pauvreté de fleurir. C'est à la fois la force et la faiblesse de Bastardo. Dans cet univers où la police n'existe pas, où une fille attire d'une façon répugnante la vie envers elle, les allégories constituent l'essence même de l'oeuvre.
Mais si on veut nous faire entrer dans un monde nouveau, il faut d'abord nous montrer la voie. Les éléments qui constituent ce monde sont généralement bien dressés mais on sent toujours un vide, un détail qui manque. Pourquoi X se comporte-t-il avec Y de cette façon ? Non, les mini-flashbacks assez présents ne sont pas suffisants, d'autant qu'ils ne sont pas vraiment efficaces.
On nous parle du changement de l'état du quartier à plusieurs reprises mais sans pour autant nous montrer réellement ce changement. De même pour les personnages qui donnent l'impression de subir des transformations importantes sans qu'on ne puisse associer correctement la cause à la conséquence.
Il faut tout de même reconnaître que malgré sa courte durée et le manque visible de temps consacré au personnages, l'expérience est plutôt plaisante et l'immersion agréable. L'esthétique bien soignée joue un rôle important à dépeindre l'ascension au pouvoir d'un bâtard détesté par tous. Et même si les caricatures sont parfois exagérées plus qu'il ne le faut, Bastardo arrive à nous redonner l'espoir, à nous faire comprendre qu'il est tout à fait possible d'expérimenter sans pour autant que cela ne vire à la masturbation gratuite.
7.5/10
Thursday, November 21, 2013
World War Z
World War Z (Marc Forster, 2013, USA/Malte)
La terre entière est brutalement affectée par une pandémie de zombies. Face à la propagation ultra-rapide du virus, Gerry Lane, ancien membre des Nations Unies, est appelé par les militaires en vue de trouver un antidote.
Un seul homme pour sauver la terre d'une attaque de milliards de zombies, cela ressemblerait plutôt à un scénario de super-héro qui aurait pour mission de délivrer notre planète d'un mal qui risque d'éradiquer l'humanité toute entière.
La question qui se pose est : peut-on appliquer le concept du Hero's Journey à un film de zombies "réaliste" ?
La réponse est évidente mais ça serait plus intéressant de voir comment cette notion influe sur un film qui se veut terre à terre, ou devrais-je plutôt dire comment, dans ce cas précis, elle se met en opposition par rapport aux principes de base d'une production de ce style.
L'un des éléments les plus récurrents dans les films d'horreur en général, et dans les films de zombies en particulier, est un endroit avec un espace et des issues limités. C'est d'autant mieux si ces endroits sont sombres, sales, délabrés, de façon à provoquer des sensations de claustrophobie chez le spectateur. Gerry Lane, pour notre plus grand bonheur, passe par des endroits pareils ; mais il se trouve que cela ne constitue qu'une toute petite partie du film. Pour le reste ça se passe en plein air où les possibilités d'être attrapé par un groupe de mort-vivants sont radicalement réduites. Du coup c'est un autre élément important qui délaisse sa place au profit d'une voie plus orientée vers l'action : l'effet surprise de frayeur est assez absent, ou alors pas toujours convaincant. Après un certain temps on s'habitue à la situation et, vu les nombreuses fois où notre protagoniste échappe à la mort à la dernière seconde, on ne se soucie plus vraiment de son état ; ce qui n'est pas grave en soi mais vu l'absence d'attachement aux personnages secondaires et la facilité avec laquelle ils peuvent disparaître, cela devient une erreur monumentale.
Ce qui nous mène vers l'élément suivant : les personnages secondaires. Dans World War Z on a l'impression que tous ceux que Gerry rencontre ne sont là que pour des buts bien précis : soit mourir (souvent bêtement), soit l'aider à dépasser telle ou telle épreuve. ET il n'y a vraiment que ces deux types. Bien entendu, ces personnes ne sont pas supposées nous faire pleurer en les voyant mourir, mais en même temps elles ne devraient pas disparaître aussi légèrement non plus. Tant que notre figure principale va bien tout le reste est facultatif, aucun suspens réel, aucune importance ne leur est accordée et du coup, aucune sensation d'effroi authentique.
En recollant ces éléments ensemble on se trouve obligatoirement dans la case suivante : l'histoire. Au-delà des allégories usuelles de l'Amérique qui se dévore de l'intérieur, des peurs et autres obstacles que représentent les zombies dans la vie d'un individu etc., on peut désormais se contenter de quelque chose de solide, sans plus. World War Z aspire à plus qu'une simple histoire d'apocalypse où aucun espoir n'existe et les idées originales ne manquent pas, ce qui apporte quand même une certaine fraîcheur à un genre où il est assez difficile de trouver de nouveaux horizons à explorer.
C'est bien d'être ambitieux, encore faut-il savoir mettre en pratique cette ambition. Les fondations mêmes sont mal faites et c'est toute la réalisation qui en souffre ; et il ne s'agit même pas de la monotonie des clichés inefficaces mais plutôt de la débilité dans la façon d'aborder le dénouement, entre autres. D'ailleurs peut-on l'appeler "dénouement" en ayant la conscience tranquille ? Cette publicité gratuite totalement déplacée est carrément une insulte, d'autant que ce qui s'en suit ne tient pas debout.
Qu'est ce qui reste alors ? Mais bien sûr, et oui c'est un élément très important : le gore ! Qu'est ce qu'un film de zombies sans des murs peints de sang, des entrailles éparpillées partout, des têtes qui explosent à coups de marteaux ? C'est un peu comme garder sa chasteté jusqu'au mariage : c'est moche, ça n'a aucun goût et surtout, c'est stupidement inutile ; c'est à peu près ce qu'on ressent à la fin de World War Z. La violence liée aux zombies procure un plaisir très particulier, assister à des scènes où des hommes se dévorent littéralement entre eux, ou encore les voir se soumettre aux pires formes de violence possibles est un régal qui n'a pas d'égal ! Pourquoi nous en priver alors ? Je ne vois qu'une seule réponse possible : présenter une forme de divertissement de basse qualité tout en donnant la chance aux plus jeunes d'en profiter.
Mais dans ce cas, si pratiquement rien de ce qui peut faire un bon film de zombies n'est présent, est-ce que World War Z a un quelconque mérite ?
Les vingt premières minutes sont excellentes. La tension monte lentement dans l'arrière plan et puis tout éclate sans aucun préavis ! On est plongé de force dans la panique générale dans une grande ville américaine au début d'une attaque de zombies, et il faut l'avouer c'est vraiment réussi ! Et c'est cette attaque de grande envergure qui donne au film un aspect assez spécial. Les scènes où des centaines, voire des milliers de zombies sur-excités sont en train de tout anéantir sur leur passage ne manquent pas, nous montrant par la même occasion des comportements qu'on observe rarement chez ces mort-vivants. De même pour les vivants qui essaient tant bien que mal de rester en vie, de s'organiser et de chercher une solution à cette catastrophe sans précédent. Les militaires sont bien structurés, contrairement à ce qu'on voit d'habitue où ils ne sont que des bandes très limitées et dont les objectifs dans la vie ne se résument plus qu'à concurrencer les zombies dans leur domaine.
Malheureusement même les points forts de World War Z ont des lacunes, et on finit par en avoir ras le bol à la longue. Le film vise loin mais c'est dans la mauvaise direction qu'il pointe son viseur. C'est vraiment désolant de voir, encore une fois, un film au potentiel énorme gâché pour rien.
3/10
La terre entière est brutalement affectée par une pandémie de zombies. Face à la propagation ultra-rapide du virus, Gerry Lane, ancien membre des Nations Unies, est appelé par les militaires en vue de trouver un antidote.
Un seul homme pour sauver la terre d'une attaque de milliards de zombies, cela ressemblerait plutôt à un scénario de super-héro qui aurait pour mission de délivrer notre planète d'un mal qui risque d'éradiquer l'humanité toute entière.
La question qui se pose est : peut-on appliquer le concept du Hero's Journey à un film de zombies "réaliste" ?
La réponse est évidente mais ça serait plus intéressant de voir comment cette notion influe sur un film qui se veut terre à terre, ou devrais-je plutôt dire comment, dans ce cas précis, elle se met en opposition par rapport aux principes de base d'une production de ce style.
L'un des éléments les plus récurrents dans les films d'horreur en général, et dans les films de zombies en particulier, est un endroit avec un espace et des issues limités. C'est d'autant mieux si ces endroits sont sombres, sales, délabrés, de façon à provoquer des sensations de claustrophobie chez le spectateur. Gerry Lane, pour notre plus grand bonheur, passe par des endroits pareils ; mais il se trouve que cela ne constitue qu'une toute petite partie du film. Pour le reste ça se passe en plein air où les possibilités d'être attrapé par un groupe de mort-vivants sont radicalement réduites. Du coup c'est un autre élément important qui délaisse sa place au profit d'une voie plus orientée vers l'action : l'effet surprise de frayeur est assez absent, ou alors pas toujours convaincant. Après un certain temps on s'habitue à la situation et, vu les nombreuses fois où notre protagoniste échappe à la mort à la dernière seconde, on ne se soucie plus vraiment de son état ; ce qui n'est pas grave en soi mais vu l'absence d'attachement aux personnages secondaires et la facilité avec laquelle ils peuvent disparaître, cela devient une erreur monumentale.
Ce qui nous mène vers l'élément suivant : les personnages secondaires. Dans World War Z on a l'impression que tous ceux que Gerry rencontre ne sont là que pour des buts bien précis : soit mourir (souvent bêtement), soit l'aider à dépasser telle ou telle épreuve. ET il n'y a vraiment que ces deux types. Bien entendu, ces personnes ne sont pas supposées nous faire pleurer en les voyant mourir, mais en même temps elles ne devraient pas disparaître aussi légèrement non plus. Tant que notre figure principale va bien tout le reste est facultatif, aucun suspens réel, aucune importance ne leur est accordée et du coup, aucune sensation d'effroi authentique.
En recollant ces éléments ensemble on se trouve obligatoirement dans la case suivante : l'histoire. Au-delà des allégories usuelles de l'Amérique qui se dévore de l'intérieur, des peurs et autres obstacles que représentent les zombies dans la vie d'un individu etc., on peut désormais se contenter de quelque chose de solide, sans plus. World War Z aspire à plus qu'une simple histoire d'apocalypse où aucun espoir n'existe et les idées originales ne manquent pas, ce qui apporte quand même une certaine fraîcheur à un genre où il est assez difficile de trouver de nouveaux horizons à explorer.
C'est bien d'être ambitieux, encore faut-il savoir mettre en pratique cette ambition. Les fondations mêmes sont mal faites et c'est toute la réalisation qui en souffre ; et il ne s'agit même pas de la monotonie des clichés inefficaces mais plutôt de la débilité dans la façon d'aborder le dénouement, entre autres. D'ailleurs peut-on l'appeler "dénouement" en ayant la conscience tranquille ? Cette publicité gratuite totalement déplacée est carrément une insulte, d'autant que ce qui s'en suit ne tient pas debout.
Qu'est ce qui reste alors ? Mais bien sûr, et oui c'est un élément très important : le gore ! Qu'est ce qu'un film de zombies sans des murs peints de sang, des entrailles éparpillées partout, des têtes qui explosent à coups de marteaux ? C'est un peu comme garder sa chasteté jusqu'au mariage : c'est moche, ça n'a aucun goût et surtout, c'est stupidement inutile ; c'est à peu près ce qu'on ressent à la fin de World War Z. La violence liée aux zombies procure un plaisir très particulier, assister à des scènes où des hommes se dévorent littéralement entre eux, ou encore les voir se soumettre aux pires formes de violence possibles est un régal qui n'a pas d'égal ! Pourquoi nous en priver alors ? Je ne vois qu'une seule réponse possible : présenter une forme de divertissement de basse qualité tout en donnant la chance aux plus jeunes d'en profiter.
Mais dans ce cas, si pratiquement rien de ce qui peut faire un bon film de zombies n'est présent, est-ce que World War Z a un quelconque mérite ?
Les vingt premières minutes sont excellentes. La tension monte lentement dans l'arrière plan et puis tout éclate sans aucun préavis ! On est plongé de force dans la panique générale dans une grande ville américaine au début d'une attaque de zombies, et il faut l'avouer c'est vraiment réussi ! Et c'est cette attaque de grande envergure qui donne au film un aspect assez spécial. Les scènes où des centaines, voire des milliers de zombies sur-excités sont en train de tout anéantir sur leur passage ne manquent pas, nous montrant par la même occasion des comportements qu'on observe rarement chez ces mort-vivants. De même pour les vivants qui essaient tant bien que mal de rester en vie, de s'organiser et de chercher une solution à cette catastrophe sans précédent. Les militaires sont bien structurés, contrairement à ce qu'on voit d'habitue où ils ne sont que des bandes très limitées et dont les objectifs dans la vie ne se résument plus qu'à concurrencer les zombies dans leur domaine.
Malheureusement même les points forts de World War Z ont des lacunes, et on finit par en avoir ras le bol à la longue. Le film vise loin mais c'est dans la mauvaise direction qu'il pointe son viseur. C'est vraiment désolant de voir, encore une fois, un film au potentiel énorme gâché pour rien.
3/10
Friday, November 15, 2013
Prometheus
Prometheus (Ridley Scott, 2012, USA/UK)
On est en 2093, une équipe d'explorateurs découvre un indice important sur les origines de l'être humain. Ils partent dans l'espace en vue d'en savoir plus.
Habituellement, les films de science-fiction ont un ou plusieurs buts : nous donner un aperçu, souvent pessimiste, sur le futur ; nous emmener carrément dans le futur ; donner des explications sur l'origine de la vie ; se concentrer sur une découverte scientifique en particulier et nous montrer son impact sur l'humanité etc., et, généralement, la qualité du film repose essentiellement sur le degré d'atteinte de ces buts. La manière de le faire peut être soit mise en avant à travers des effets spéciaux réussis par exemple, soit mis en arrière pour laisser la place à l'intrigue. Dans tous les cas, il faut que cela soit convaincant.
C'est à partir de là qu'on peut commencer à cerner les problèmes de Prometheus : la trame a un potentiel énorme qui est gâché par des petits détails qui, faute d'être nombreux, vont finalement détruire le film. Il y a tellement de "plot holes" qu'on a l'impression d'assister à une production pour enfants où n'importe quelle raison peut justifier des actes totalement insensés.
La première partie du film, juste avant l'arrivée à la planète-destination, en souffre moins que la suite. L'avancement dans le scénario est plutôt alléchant en éveillant subtilement la curiosité des spectateurs. Après tout, qui ne voudrait pas avoir même la toute petite idée sur l'origine de l'espèce humaine ? Et pourtant certains membres de l'équipage restent de marbre devant une découverte de cette envergure. Il y en a même qui se montrent agressifs face à une révélation qui vient tout bouleverser dans leur vie.
Plus le vaisseau approche plus la tension monte. Le comportement totalement stupide et irrationnel des explorateurs commence à se manifester assez tôt. On pourrait l'ignorer ou faire semblant de ne pas s'en apercevoir mais lorsque ce sont ces mêmes erreurs qui conduisent carrément la trame, ça devient insupportable. Voilà un exemple : des astronautes dans une planète totalement inconnue entrent dans son atmosphère. L'air qui s'y trouve est toxique, mais à l'intérieur d'une sorte de cave, il est totalement respirable. Que font-ils ? Ils enlèvent leurs casques sans se soucier de l'existence potentielle de virus ou de je ne sais quoi qui serait totalement étranger à ce qui se trouve sur terre. Mais là ce n'est vraiment rien, c'est le genre de détail qu'on peut facilement ignorer. Par contre, lorsque ces mêmes explorateurs trouvent des matières ou des créatures bizarres, et qu'ils décident de jouer avec sans faire attention, on ne peut plus fermer l'oeil face à ça. Le pire c'est que ces choses se répètent et s'aggravent et, comme je l'ai déjà dit, constituent le moteur du film.
D'autre part, il y a cette envie incessante à essayer de compliquer les choses pour rien. Dans quel but veulent-ils instaurer ce sens de "mystère" totalement inutile, au bord du vaisseau ? Forcer l'implication du public ? Lui dire que X est un gentil, que Y est un méchant et qu'il faut se mettre du côté du gentil ? Est-ce qu'on a vraiment besoin de ceci ? Ils auraient pu laisser un peu de place aux spectateurs pour réfléchir par eux mêmes, quoique le sujet de la réflexion n'aurait pas dû exister en premier lieu. La menace qui vient de l'extérieur est beaucoup plus intéressante à suivre que de voir un homme portant un masque pour donner un semblant de vieillesse et qui se cache pour une raison futile.
Le film n'est tout de même pas mauvais sur tous les points, bien au contraire même. Les possibilités sont vastes et c'est malheureux de les voir ruinées de cette façon à cause de la mauvaise écriture du scénario. Les paysages sont magnifiques et les scènes qui se passent à l'extérieur sont envoûtantes, alors que les scènes tournées dans les caves sont engouffrantes. Ces couloirs sombres et étroits dans un environnement pas très accueillant arriveraient presque à nous étouffer. Même si l'air est respirable pour les personnages du film, il l'est beaucoup moins pour nous qui avons une meilleure vision globale de l'histoires. De plus, le robot David apporte une approche très intéressante au concept de l'intelligence artificielle, et c'est de loin la figure la plus captivante à suivre et à (essayer de) comprendre.
Prometheus aurait facilement pu être l'Alien de cette génération. Un peu d'attention à l'écriture et ça aurait fait un véritable chef-d'oeuvre ! Mais malheureusement, et contrairement à certains classiques du genre qui sont infaillibles vis-à-vis de ces détails, on se contente d'un film de science-fiction/horreur hautement divertissant, certes, mais facile à oublier.
5/10
On est en 2093, une équipe d'explorateurs découvre un indice important sur les origines de l'être humain. Ils partent dans l'espace en vue d'en savoir plus.
Habituellement, les films de science-fiction ont un ou plusieurs buts : nous donner un aperçu, souvent pessimiste, sur le futur ; nous emmener carrément dans le futur ; donner des explications sur l'origine de la vie ; se concentrer sur une découverte scientifique en particulier et nous montrer son impact sur l'humanité etc., et, généralement, la qualité du film repose essentiellement sur le degré d'atteinte de ces buts. La manière de le faire peut être soit mise en avant à travers des effets spéciaux réussis par exemple, soit mis en arrière pour laisser la place à l'intrigue. Dans tous les cas, il faut que cela soit convaincant.
C'est à partir de là qu'on peut commencer à cerner les problèmes de Prometheus : la trame a un potentiel énorme qui est gâché par des petits détails qui, faute d'être nombreux, vont finalement détruire le film. Il y a tellement de "plot holes" qu'on a l'impression d'assister à une production pour enfants où n'importe quelle raison peut justifier des actes totalement insensés.
La première partie du film, juste avant l'arrivée à la planète-destination, en souffre moins que la suite. L'avancement dans le scénario est plutôt alléchant en éveillant subtilement la curiosité des spectateurs. Après tout, qui ne voudrait pas avoir même la toute petite idée sur l'origine de l'espèce humaine ? Et pourtant certains membres de l'équipage restent de marbre devant une découverte de cette envergure. Il y en a même qui se montrent agressifs face à une révélation qui vient tout bouleverser dans leur vie.
Plus le vaisseau approche plus la tension monte. Le comportement totalement stupide et irrationnel des explorateurs commence à se manifester assez tôt. On pourrait l'ignorer ou faire semblant de ne pas s'en apercevoir mais lorsque ce sont ces mêmes erreurs qui conduisent carrément la trame, ça devient insupportable. Voilà un exemple : des astronautes dans une planète totalement inconnue entrent dans son atmosphère. L'air qui s'y trouve est toxique, mais à l'intérieur d'une sorte de cave, il est totalement respirable. Que font-ils ? Ils enlèvent leurs casques sans se soucier de l'existence potentielle de virus ou de je ne sais quoi qui serait totalement étranger à ce qui se trouve sur terre. Mais là ce n'est vraiment rien, c'est le genre de détail qu'on peut facilement ignorer. Par contre, lorsque ces mêmes explorateurs trouvent des matières ou des créatures bizarres, et qu'ils décident de jouer avec sans faire attention, on ne peut plus fermer l'oeil face à ça. Le pire c'est que ces choses se répètent et s'aggravent et, comme je l'ai déjà dit, constituent le moteur du film.
D'autre part, il y a cette envie incessante à essayer de compliquer les choses pour rien. Dans quel but veulent-ils instaurer ce sens de "mystère" totalement inutile, au bord du vaisseau ? Forcer l'implication du public ? Lui dire que X est un gentil, que Y est un méchant et qu'il faut se mettre du côté du gentil ? Est-ce qu'on a vraiment besoin de ceci ? Ils auraient pu laisser un peu de place aux spectateurs pour réfléchir par eux mêmes, quoique le sujet de la réflexion n'aurait pas dû exister en premier lieu. La menace qui vient de l'extérieur est beaucoup plus intéressante à suivre que de voir un homme portant un masque pour donner un semblant de vieillesse et qui se cache pour une raison futile.
Le film n'est tout de même pas mauvais sur tous les points, bien au contraire même. Les possibilités sont vastes et c'est malheureux de les voir ruinées de cette façon à cause de la mauvaise écriture du scénario. Les paysages sont magnifiques et les scènes qui se passent à l'extérieur sont envoûtantes, alors que les scènes tournées dans les caves sont engouffrantes. Ces couloirs sombres et étroits dans un environnement pas très accueillant arriveraient presque à nous étouffer. Même si l'air est respirable pour les personnages du film, il l'est beaucoup moins pour nous qui avons une meilleure vision globale de l'histoires. De plus, le robot David apporte une approche très intéressante au concept de l'intelligence artificielle, et c'est de loin la figure la plus captivante à suivre et à (essayer de) comprendre.
Prometheus aurait facilement pu être l'Alien de cette génération. Un peu d'attention à l'écriture et ça aurait fait un véritable chef-d'oeuvre ! Mais malheureusement, et contrairement à certains classiques du genre qui sont infaillibles vis-à-vis de ces détails, on se contente d'un film de science-fiction/horreur hautement divertissant, certes, mais facile à oublier.
5/10
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