Wednesday, August 29, 2018

The Terror




En 1845, une expédition britannique de deux bateaux part à la recherche du passage Nord-Ouest à l'Océan Arctique. Perdus au milieu d'un désert de glace interminable, les membres de l'équipage tentent de survivre face au froid, la famine, le scorbut, le saturnisme, et une créature étrange qui semble les prendre pour proie. Basée sur des faits réels.

L'expédition perdue de Franklin est certainement l'une des tragédies les plus affreuses qui aient touché le monde marin. L'ampleur de la catastrophe n'est pas liée au nombre de morts en soi (qui n'est tout de même pas négligeable) mais plutôt à la façon qui a mené les membres de l'équipage, dépassant les 130 personnes, à leur fin. The Terror est basée sur le livre du même nom, lui-même basé sur l'histoire réelle de cette expédition, en lui ajoutant un élément surnaturel. Le résultat est un plongeon dans les abysses les plus reculées des profondeurs les plus sombres de l'horreur sous sa forme la plus terrifiante. Il s'agit d'horreur suffocante, pesante, qui s'installe lentement, prenant tout le temps qui lui est nécessaire pour bien affirmer sa domination absolue sur tous sans exception.

L'un des mot-clés de la réussite de cette série est : l'ambiance. Depuis le tout début, le sifflement constant du vent dans l'arrière-plan donne un air menaçant, même, et surtout, quand il s'agit de scènes se déroulant à l'intérieur des bateaux, rappelant à tout moment, tant aux personnages qu'aux spectateurs, que le danger est déjà bien présent, y compris pour ceux qui se trouvent dans les cabines. Et en dehors de la chaleur que procure la technologie bien développée pour l'époque, s'aventurer dehors, même sur le pont du bateau, est un fardeau. Le brouillard dense, le froid, le vent violent, et l'isolation totale du monde créent une atmosphère des plus accablantes.

Et la violence est omniprésente sous plusieurs formes. C'est à se demander si cette expédition n'avait pas été maudite par tous les dieux de toutes les religions qu'a inventées l'homme, vu la diversité des châtiments qui s'abattent l'un après l'autre sur les membres de ces deux bateaux.

La réponse à cette réflexion est plutôt positive. L'un de ces dieux se manifeste physiquement sous la forme du Tuunbaq ; une créature mystique qui ne tarde pas à s'afficher pour terroriser l'équipage. Pire encore, cette créature semble être dotée d'une intelligence assez développée, d'autant qu'elle est parfaitement à l'aise dans cet enfer glacial.

Il ne faut toutefois pas croire que The Terror se limite au monstre dans son récit, ou qu'il s'agisse de l'ennemi principal de l'équipage, comme on pourrait le comprendre à travers les trailers. D'autres "monstres" sont présents, sous d'autres formes. D'autres malédictions sont déjà à l'oeuvre, même depuis le départ des bateaux de l'Angleterre, préparant le terrain pour celles à suivre plus tard, beaucoup plus tard, quand le cauchemar des marins des temps anciens se manifestera à travers le scorbut.

Mais tous ces monstres, malédictions et maladies physiques ne sont pas de taille face au pire : l'être humain. Être un témoin de tant d'horreurs, avec des chances de survie qui rétrécissent chaque jour, en plus de la famine et ce qu'elle engendre, c'est la folie humaine qui prend le dessus. Il y a très peu de lueurs d'espoir durant le voyage, tout comme le soleil qui pourrait ne s'afficher que quelques minutes pendant toute une année.

Que peut-on reprocher à The Terror ? Très peu de choses à vrai dire. Peut-être la confusion entre certains personnages secondaires, dont les visages et les têtes sont souvent dissimulés à cause du froid, pourrait représenter un souci pour suivre certains événements ou même s'attacher à certains de ces personnages. Mais plus les événements s’enchaînent, moins il y a de confusion.

C'est la première fois que j'écris quelque chose sur une série au lieu d'un film ici, mais il fallait bien que j'exprime mon admiration face à The Terror. D'autant qu'il s'agit d'une mini-série qui dure en tout dans les 7h30, soit l'équivalent de trois long-métrages à peu près, un format parfait pour montrer une histoire de ce genre avec tous les détails nécessaires pour le bon développement des personnages et des événements. De plus, la qualité et les moyens utilisés n'ont rien à envier aux productions cinématographiques ; et je dirais même que la série dépasse et de loin la majorité écrasante des nouvelles productions destinées au grand écran en terme d'horreur constante et qui repose sur l'impact à long-terme plutôt que sur les "jump scares" faciles à exécuter et à oublier.

Tout ceci n'aurait pas été possible sans une réalisation impeccable, des images grandioses avec une attention très particulière donnée à tous les détails, aux costumes et aux décors, et des acteurs fabuleux dans l'expression des émotions de désespoir et de perte progressive de la raison.

Et maintenant il ne reste plus qu'à attend la deuxième saison, qui aura une histoire totalement différente et une nouvelle manifestation de la terreur. Une merveilleuse nouvelle annoncée par AMC qui, je l'espère vivement, donnera un souffle frais à l'horreur destinée au petit écran.

10/10