Sunday, October 9, 2011

Naked

Naked (Mike Leigh, 1993, UK)



Après une partie de jambes en l'air qui tourne pratiquement au viol, Johnny s'enfuit vers Londres. Il passe quelque temps chez une ex-petite amie avant de commencer à errer dans les rues, sans argent, sans but précis...

La vie de Johnny résume parfaitement bien celle de la plupart des hommes en général. Le fait d'errer continuellement sans but n'est-il pas le destin ultime qu'est obligé de vivre chaque être humain ? D'ailleurs le verbe "vivre" est peut-être exagéré. Est-ce qu'il suffit de trouver un travail minable, de gagner de l'argent qui suffit à peine à payer le loyer et à manger, et de rentrer chez soi le soir pour regarder des programmes de merde à la télé, pour pouvoir oser dire qu'on est en train de "vivre" ? Et même si c'était le cas, peut-on être heureux en menant une vie pareille ? C'est en tout cas à ça que fait allusion Johnny en voyant sa vieille amie ; pas seulement elle, mais à pas mal des nombreux personnages qu'il rencontre au cours de son errance.

C'est l'un des points forts de Johnny. Il a le contact facile. Il a la faculté d'entamer des discussions existentielles avec de parfaits étrangers sans aucune difficulté, tout en gardant un côté franc et direct qui n'est pas apprécié de tout le monde. Ce qui nous donne des dialogues à la fois hilarants, grâce aux nombreux sarcasmes de Johnny, et intéressants, vu les sujets abordés.

Notre personnage principal est quelqu'un de brillant. Cultivé, intelligent et vif d'esprit, on peine à croire qu'il mène une vie pareille. C'est presque du gachis que de voir autant de potentiel éparpillé en vain. D'ailleurs ça m'a un peu fait penser au protagoniste de la nouvelle "Les Mémoires de Issam Abd El Aati" de Alaa Al Aswany : le jeune homme extrêmement intelligent, qui ne laisse aucune occasion pour apprendre s'envoler, qui a du caractère, mais qui finalement n'est pas donné la chance qu'il mérite...

Mon seul reproche c'est qu'on ne nous informe pas vraiment sur le passé de Johnny. J'aurais tellement aimé voir comment une personne pareille aurait menée sa vie par le passé. Comment est-ce qu'il en est arrivé là ? Qu'est-ce qui en a fait cette personne-là ?
Mais ceci n'est rien face à la splendeur de cette oeuvre...

9/10

4 comments:

  1. Tu as oublié de mentionner que le jeu des acteurs est juste à chier. A part le " huh ? " de Ewen Bremner que j'ai trouvé hilarant...

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  2. c'etait cool, thanx ;)

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  3. Commentaire qui décrit à merveille l'esprit du film.
    La nouvelle que tu as citée dans ton article m'interpelle... Quel est le nom du livre dans lequel on peut la trouver ?
    Bonne continuation !

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  4. Merci beaucoup.

    Le livre s'appelle en arabe "Niran Sadiqa" "نيران صديقة", ce qui donne "Friendly fire" en anglais ou "Tir ami" en français. La traduction française du livre s'intitule "J'aurais voulu être égyptien", de Alaa Al Aswany, traduit de l'arabe par Gilles Gauthier. Il comporte plusieurs petites nouvelles et la toute première est celle que j'ai mentionnée. Elle est plus développée que le reste. Je ne connais pas le nom qu'elle porte après la traduction par contre. Le titre que j'ai mis est ma propre traduction.

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