Tuesday, February 16, 2010

Tokyo!

Tokyo! (Michel Gondry/Leos Carax/Bong Joon-ho, 2008, Japon/France/Corée du Sud/Allemagne)



Trois histoires indépendantes ayant tous comme point commun le déroulement dans la capitale du Japon, Tokyo.

Interior Design (Michel Gondry) :
Un jeune couple se déplace à Tokyo pour que le garçon puisse mieux poursuivre son rêve de cinéaste.

C'est probablement le segment le plus cohérent et le plus facile à comprendre et à intérprêter. On assiste à la vie d'un jeune couple normal qui débarque chez une amie à Tokyo. Les deux commencent à chercher du boulot et un endroit où loger indépendamment de leur amie, et petit à petit on commence à découvrir certaines faces cachées de cette relation.
La fille est un peu délaissée. On la blame discrètement pour ses passe-temps et son manque d'ambitions, jusqu'à ce que, d'un seul coup, quelque chose de très étrange se passe. Ca bouleverse complètement le déroulement film et on ne nous donne aucune explication quant à ce changement. On ne peut que spéculer et intérprêter ce changement brusque et ce qu'il signifie.
La fille aurait trouvé un moyen plus qu'efficace de continuer sa vie sans que personne ne puisse ni la déranger ni la blamer pour ce qu'elle aime faire.

Merde (Leos Carax) :
Un homme fou vit dans les égoûts de Tokyo. Il sort de temps en temps et commence à terroriser les passants avec ses comportements bizarres.
Cet homme ne parle pas. Il ne réagit pas à ce qu'on lui demande, jusqu'à ce qu'un avocat français vienne le voir. Il a dit qu'il était l'une des trois personnes au monde qui pouvaient le comprendre, et effectivement, Maître Voland, l'avocat, a pu communiquer avec cet homme qui se fait appeler "Merde" par le biais d'un langage très étrange.

C'est de loin le segment qui m'a intéressé le plus. Voland est une référence directe à Satan. Dans certaines régions du nord de la France, on donnait à Satan le nom de "Seigneur Voland". Maître Voland, Seigneur Voland, pas besoin de plus d'explications.
D'un autre côté, Merde, à travers ses paroles et même un certain acte en particulier vers la fin (que je ne dévoilerai pas), semble représenter Jesus Christ. Les habits blancs et la bande autour des yeux à un certain moment donnent une image encore plus proche de celle qu'on a de Jesus en général.

Parmi ses paroles :
"Mon Dieu me pose toujours parmi ceux que je hais le plus. C'est ma croix."
"Ma mère était une sainte. Vous tous vous l'avez violée, et je suis votre fils."

Je ne comprends toutefois pas la significations de certains actes (les grenades par exemple). C'est peut-être pour représenter les personnes qui "suivent" ce nouveau Messie. Elles sont mortes aux yeux des gens "normaux", et c'est un crime qui va causer la mort par pendaison de Merde. Tout comme avec Jesus (ou du moins ce qu'on trouve dans la bible). Le "fils de l'homme" qui a commis un crime terrible, celui de prétendre être le Messie, mérite tout simplement la mort.
Ca ne colle pas vraiment aux motifs prononcés par Merde mais bon, je ne trouve pas une meilleure explication.

Shaking Tokyo (Bong Joon-ho) :
Un homme vit en réclusion depuis 10 ans. Il déteste le "eye contact" et le soleil plus que tout.
Il mène une vie étrange qu'il passe à lire des magazines, commander de la nourriture et s'endormir dans les toilettes en train de faire ses besoins.
Un jour, après 10 années de solitude, il fait son premier "eye contact" avec la livreuse de pizzas. Cette fille semble être une "hikikomori" elle aussi. Cette brève rencontre 'tremblante' l'affecte profondément. Il décide d'aller rencontrer cette fille coûte que coûte, malgré les énormes difficultés que ça lui représente.

Le premier segment a traité des relations de couples et des difficultés de les garder intactes. Le deuxième a parlé, en quelque sorte, de l'influence des étrangers chez les japonais. Le troisième se concentre sur un autre phénomène qui semble être récurrent au Japon. Les "hikikomori" sont des personnes qui se retirent de toute activité sociale et qui décident de couper tout contact direct avec les autres. Des misanthropes, en quelque sorte.

Les quartiers dans lesquels ont lieu les évènements de ce film sont déserts, à la façon d'un Abre los Ojos ou d'un 28 Days Later. Comme si tout le monde se serait transformé en "hikikomori".
L'allusion aux robots est peut-être pour dire qu'on est tous, en tant qu'êtres humains, en train de se transformer en robots, qu'on va finir tôt ou tard par être soit des robots, soit carrément remplacés par des robots, ne serait-ce que pour les plus simples des boulots comme la livraison de pizzas.

8.5/10

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