Un père de famille qui travaille en tant que reporter de télé décide de tourner un documentaire à propos de la violence et du sexe parmi les jeunes, en prenant les membres de sa propre famille comme exemples.
"Have you ever done it with your dad?", c'est avec ça que s'ouvre le film, avec une scène prolongée d'inceste entre père et fille, désormais prostituée. En rentrant chez lui, le père se fait agresser par un inconnu. Il se fait agresser de nouveau par ce même inconnu, qu'il finit par ramener chez lui.
Entre temps, son fils, à la maison, s'amuse à décharger sa haine et sa frustration sur sa mère. Ses camarades de l'école l'intimident et l'harcèlent à longueur de journée, et même la nuit lorsqu'il est chez lui. Impuissant face à eux, et incapable d'agir, il se met à frapper sa mère pour la plus ridicule des raisons. Tout ça sous les yeux silencieux du père et du nouveau visiteur qui lui demande de faire comme s'il n'était pas là.
La mère trouve dans la drogue et la prostitution une sorte de refuge à cet enfer quotidien qu'elle vit. Mais ce n'est pas assez. C'est l'inconnu qui va lui donner, en quelque sorte, un moyen pour s'échapper de la réalité ou encore mieux, de retrouver le bonheur qu'elle na jamais connu depuis son mariage.
De son côté, le père cherche lui aussi une autre forme de bonheur. Il filme son propre fils en train de se faire agresser, commet des choses horribles (la nécrophilie n'étant pas la pire de ces choses), tout ça avec l'assistance du visiteur inconnu...
Dans la liste des "films les plus choquants", Visitor Q mérite très bien une place bien haute. Il est dégoûtant, violent, terrifiant, repoussant mais tout en étant extrêmement marrant ! Quelque chose que seul Takashi Miike semble pouvoir atteindre. Et mis à part tout ça, il y a bien un message derrière toutes ces horreurs, chose qui met ce film en dehors des films comme August Underground. Chaque scène ici a une interprétation particulière, même si cela n'est pas du tout évident.
L'une des phrases clé du film c'est lorsque le père se met à crier "How am I supposed to feel?" lorsque sa maison est 'assiégée'. C'est exactement le cas du spectateur pendant tout le film. C'est difficile de savoir s'il faut rire de l'absurdité des situations présentées, s'il faut pleurer parce que de telles choses existent partout dans le monde, ou s'il faut tourner les yeux face à tant de choses dégueulasses à l'écran...
9/10
je commente d'abord pour te féliciter d'avoir pu le regarder jusqu'au bout (et aimé en plus).Moi à la moitié du résumé je n'en pouvais plus...
ReplyDeleteet je me demandais quel était le vrai but de faire ce film..ton dernier paragraphe m' plutot convaincue...Mais qu'est ce que j'aimerai une petite introspection dans le psyché du réalisateur, ça éclaicirait bien des choses par exemple: il parle de choses qui se passent partout dans le monde, ou de choses qui se sont passées chez lui..
Je ne connais pas sa vie privée, mais je ne pense pas que ça soit le cas chez lui. Il a l'habitude de présenter des choses très déguelasses/horribles dans ses films (souvent avec de l'humour), et ces choses sont souvent tirées de la vie réelle.
ReplyDeletePour le but du film là ça devient plus difficile. Déjà je remarque de plus en plus qu'il dénonce la violence contre les femmes dans ses films en général.
Il y a aussi le côté "les médias et les spectateurs", un peu comme le fait Michael Haneke, sauf que c'est plus comique ici. Les spectateurs cherchent toujours à voir plus. À voir ce qu'il y a de plus horrible, de plus violent (dans les news, dans les films, ou même dans la rue si on suppose par exemple qu'il y eut un accident, tout le monde veut voir ça de près). Et là ce qu'il fait c'est nous montrer ces choses de près, au point même de nous dégoûter de tout ça.
Il y a aussi l'idée du Visiteur inconnu qui a en quelque sorte "sauvé" la famille. Ils vivaient dans un véritable enfer, et lui avec ses comportements encore plus froids et violents, il leur a ouvert les yeux sur le bonheur. Aussitôt accomplie sa mission, il s'en va. Ca peut être une métaphore sur pas mal de choses.
Bon bien sûr tout ça c'est ma propre interprêtation, aucune idée sur ce qu'il a réellement voulu dire.
Bonne interprétation je trouve.
ReplyDeleteCe qui me fascine dans le cinéma japonais c'est justement ce coté étrange, sombre et marginal que j'ai pu retrouver dans tous les longs métrages nippons (tous genres confondus) que j'ai eu l'occasion de savourer.
Je pense que c'est assez représentatif (ce coté étrange et marginal) de la société japonaise et de ce pays en général qui est considéré par le reste du monde comme un pays "reclus" et atypique.
Les japonais ont leur propre mentalité et leur propre vision des choses. Ce qui fait que ce qui est dérangeant et bizarre pour nous ne l'est pas pour autant pour eux et pourrait même satisfaire leurs attentes...
Pour ce qui est des intentions du cinéaste à travers "Visitor Q", à mon avis il essaie de montrer "l'envers du décor" d'une famille banale de premier abord mais qui en réalité représente à elle seule et sous différentes formes l'échec de l'être humain face aux problèmes de la vie. Autrement dit, il met en scène ses déboires face aux problèmes de la société moderne à savoir la détérioration des relations entre les parents et leurs enfants notamment à cause de la sur-protection des progénitures, l'enfermement des jeunes dans un monde fait de jeux vidéos violents, de manga tout aussi violents et surréalistes et autres, le manque de communication, la pression que fait subir la société sur ces enfants en prônant l'excellence... ce qui en résulte des troubles du comportement et une anarchie totale au sein de la famille. Ce qui m'a aussi frappée dans cette histoire c'est que les personnages paraissent déconnectés les uns des autres, comme si aucun lien de parenté\mariage ne les unissaient, de simples inconnus vivant sous le même toit, ce qui est assez consternant. Chaque membre semble avoir perdu son statut: le père est excentrique, absent et vit (exclusivement) pour son métier, la mère est réduite à une simple bonne à tout faire que personne ne respecte, le fils fait régner la terreur dans la maison en battant sa mère, quant à la fille, elle a fugué de chez elle et ne vit plus que de prostitution. Une situation des plus désespérées donc. Mais c'est là qu'intervient le mystérieux visiteur qui grâce à "son coup de rocher sur la tête" va réunir cette famille, rétablir le statut de chacun et leur procurer un bonheur commun. Évidemment sa manière de procéder n'est pas très conventionnelle... et c'est ce qui fait le charme de ce film (bien que certains n'y trouveront aucun charme).
Voila mon point de vue.
Sinon pour en savoir un peu plus sur les intentions du cinéaste, tu peux toujours te renseigner directement ici:
http://www.allocine.fr/film/anecdote_gen_cfilm=36796.html
Merci pour le lien, je vais voir ça.
ReplyDeleteJe suis d'accord ce que tu as dit. Si on voit la famille en question de l'extérieur, elle a l'air tout à fait "normale", mais dès qu'on voit ça de plus près, rien ne va. Ca montre d'ailleurs l'attachement de la mère à vouloir à tout prix garder son visage intact là où son fils la frappe (et qu'elle lui demande de ne pas toucher son visage).
C'est un peu comme dans American Beauty où les gens donnent plus d'importance à leurs apparences chez les autres plutôt que de trouver de vraies solutions à leurs problèmes (de communication notamment comme tu l'as souligné).
Il y a vraiment plein de choses à dire sur ce film.